![Nous n’avons pas à discrétion de quoi nous désaltérer](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/25-28-mai.jpg)
Louis trouve la vie militaire bien moche
. 28 mai 1916
( en haut à gauche : (en haut à droite :
Simon Je t’aime)
Collay
bonjour de
Courtial)
. Ma Jeannot chérie
. J’ai reçu ta lettre du 23 courant hier soir. C’est tou-
jours avec beaucoup de plaisir que j’apprends de bonnes
nouvelles de mes deux chéries et de tous ceux que j’aime
. Tu me dis que tes pieds ne te font plus mal. Tant mieux
Il est à espérer que ça durera. Notre petit diable de
Zizou est toujours bien diable et même polissonne
Ce n’est pas encore que je puis la mettre à la raison en
attendant c’est à vous de vous faire craindre un peu
Le Louis est heureux d’être à Montbrison, il trouve la
vie militaire bien moche, qu’est ce que ça serait s’il
était à ma place . Maitre Joanny a raison en esti-
mant qu’il se trouve un des bénis. En effet nous man-
geons souvent de la morue et des harengs, quand ça est
assez dessalé ce n’est pas trop mauvais mais si c’est
le contraire je n’en mange pas car ça fiche la soif
et comme nous n’avons pas à discrétion de quoi nous dé-
saltérer, il faut donc ce méfier. Il parait que quand
nous serons en repos nous toucherons du lait concen-
tré à la place de la viande. [ ? ] de nourriture
je n’ai pas fini de fermer la ceinture décidément plus
ça va plus l’ordinaire devient moche.
. Hier je n’ai pas plus tôt eu fini la carte que je t’avais
envoyé qu’on nous rassemblait pour les traveaux, nous
avons travailler jusqu’à la soupe du soir. A 8h ½
il a fallu s’équiper pour reconnaitre les emplacements
en cas d’alerte. Quand je me suis couché j’étais bien
fatigué, aussi j’ai bien dormi cette nuit. Aujourd’hui
dimanche nous avons repos seulement voilà… ils ont
revaccinés la moitié de la compagnie et je serais
rerevacciné sans doute après-demain. Certes ça de-
vient canulant. il y en a mare du vaccin, pourtant
nous allons tous nous laisser faire comme de braves bêtes
que nous sommes. Nous sommes à l’extrême limite du
degré d’asservissement et de passivité. Est-ce que par
hasard il ne pourrait pas y avoir réaction. Nous avons
toujours le beau temps, le soleil. La santé ne va pas
trop mal mais gare après-demain. Je t’ais écris hier que
j’avais reçu un colis complètement gâté, j’ai été obligé de
le jeter ce qui est bien malheureux au prix qu’est la viande
Tu me dis que tu as du meilleur travail, tant mieux,
tu te fatigueras peut-être moins et gagneras peut-être un
peu plus. Ah ! quand donc finira tout ce maudit com-
merce. Quand nous rendra-t-on la paix, notre vie commune
notre bonheur. Que c’est long ! Que cette séparation est
cruel. Au revoir petite femme. Bise bien fort notre gamine
pour moi. bien des choses à toute la famille. Ton
petit homme qui t’adore et t’embrasse bien fort sur ta
bouche. Je pense à toi et je t’aime ! ton Simon tout a
toi et pour toujours. N’oublie pas ! J’attends !
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