![Tu ne m’enverras plus de viande décidément](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/24-27-mai.jpg)
La vie est déjà assez difficile
. 27 mai 1916
( en haut à gauche : ( en haut à droite :
Bonjour mes meil-
de Courtial leures caresses
qui se porte tou- à toutes deux
jours bien et fait Collay)
toujours la cuisine)
. Ma Jeannot chérie
. J’ai reçu hier soir ta lettre du 22 courant qui m’a
fait bien plaisir en m’apprenant que mes deux chéries ainsi que
tous mes parents sont en bonne santé ; que notre petit diable
de Zizou est toujours bien dégourdie et remue à tenant et ses
petites jambes et sa petite langue. Tu me dis que tu espère avoir
du meilleur travail, tant mieux. Vous avez eu un orage épouvan-
table et vous avez peur de la grêle ; il faut espérer que le peu
qui est tombé n’aura pas fait de mal et qu’il n’y en aura
plus, car la vie est déjà assez difficile et il n’y a guère besoin
de nouveaux inconvénients. J’ai reçu ton colis ce matin, mais
pas de chance ce coup-ci : la viande était complètement corrom-
pue, tout était gâté et il a fallu y jeter. Tu as dépensé de l’ar-
gent et tu t’ais donné du travail qui n’a guère profiter, ma
Jeannot. Tu ne m’enverras plus de viande décidément il y a
trop de risques, envoi-moi du fromage, il n’y a que cela
qui puisse arriver sans trop de dégâts, la viande est trop chère
pour courir les risques de la recevoir immangeable. Quand
tu auras l’occasion envoi-moi une paire de bretelle et une mo-
lette, porte molette et pierres pour briquet. Le Louis se trouve
bien à Montbrison, je n’en doute pas et il me semble
que je m’y trouverais bien aussi. Quand pourrais-je vous revoir ?
J’attends …. ! J’attends impatiemment ! Mais…hélas ! … Je dois
attendre encore longtemps. Le temps me dure de recevoir la
photo de notre Zizou et quand ça sera possible, la tienne. Louis
m’a dit que tu avais meilleure mine que l’autre fois que nous
étions en permission. Je voudrais bien m’en rendre compte.
. Je me porte toujours assez bien Comme je te l’ais dis hier, ce
matin au jour nous avons déménagé nous sommes actuellement
logés dans une carrière, ça forme une grande grotte où on ne
voit clair qu’avec de la lumière, une fois là dedans on est a
l’abri des obus. Toute la matinée nous nous sommes occupés
du nettoyage, nous avons enlevé la vieille paille et on nous en
a donné un peu de la neuve, mais pas de trop. Nous aurons
peut-être un peu moins de poux et de rats que d’où nous sor-
tons, car il y avait quelque chose. Je suis fatigué car je n’ai
pas ou presque pas dormi la nuit passée et ce matin nous n’a-
vons pas chômé. Enfin ! nous avons un avantage, aujourd’hui
le soleil nous est revenu, ce n’est pas malheureux, la boue sèche
ras et nous serons plus à notre aise pour marcher, faire les corvées
et travailler. Je crois que dans un moment il va falloir aller
au travail, aussi je ne t’en mets pas plus long car je veux aller
me reposer un peu je suis fatigué. Au revoir mamour ; ton
Simon t’aime bien et pense à toi toujours. Mille bisettes a
notre galopine de Zizou. bien le bonjour et bien des choses a
toute la famille pour qui je souhaite et j’espère que la santé
sera durable. Bonne chance à tous. Bonne permission au Louis
je ne goûterai pas encore de cette année les cerises de la
grand-mère Génie. C’est enrageant ! Au revoir tite femme
chérie n’oublie pas ton petit homme qui trouve la séparation
bien dure et bien cruelle. Je t’aime tout plein ; de tout mon cœur
plein des deux images de mes deux gosses chéries ; je t’adore
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