Recto
. 28 Janvier 1918
( en haut à gauche : signature)
. Petite femme chérie
. J’ais reçu avant-hier soir ta lettre
du 22 courant que j’ais lu avec beau-
coup de plaisir. Je suis content de vous
savoir toujours en bonne santé.
. Hier je n’ais rien reçu de toi, ni
je ne t’ais pas écris je n’en ais pas
eu le temps car nous avons déménagé
dans la nuit d’avant-hier à hier. A
présent mon bataillon est en réserve dans
un bois, mais ça n’est guère le filon car
il y a travail tous les jours et à 6 ou 7
Km d’içi. Hier j’ais trotté toute la jour-
née pour trouver le médecin du bataillon
Centre gauche
qui est au moins à 5 Km d’içi et
aujourd’hui 2 de mes camarades
brancardiers sont allés aux traveaux
avec la compagnie ; demain se sera
mon tour. Aujourd’hui les deux que
nous restions il a fallu nous occuper
de la visite des malades et de la désinfec-
tion du secteur de la compagnie. Nous
n’avons pas encore fini…
. Nous ne sommes plus d’accord avec
le capitaine de la compagnie. Nous
avons eu plusieurs petites histoires
avec lui. Hier il voulait que ce ma-
tin nous allions tous les quatre aux
traveaux ; nous lui avons dis, ce qui
est vrai du reste, que le major nous
avon avait donné l’ordre de marcher
deux et de rester deux pour s’occuper
Centre droit
de la visite et de la désinfection.
Ça ne lui va pas au capitaine que
nous ne soyons pas directement sous ses
ordres et il cherche à nous embêter.
Ah ! vivement la perm. J’attend
avec impatience que vienne mon tour
de me débiner d’içi pour aller embras-
ser mes deux gosses chéries que le temps
me dure bien de revoir. Je ne sais pas
exactement quand je partirai d’içi
j’espère être près de vous le 2 ou le 3 si
rien de fâcheux ne se produit. Je trou-
ve les jours bien longs. Ce que je
m’ennui et ce que je suis dégoûté
d’une pareille existence. Quelle triste
vie tout de même. Et on n’en voit pas
la fin ! … pourtant la paix est atten-
due par tous, on la désir hardemment
Verso
En ce moment ça cogne très fort sur notre
gauche, je ne sais pas trop ce qu’il s’y
passe.
Hier j’ais reçu une lettre du Georges qui
me fait savoir qu’il suit un cours comme
téléphoniste au génie et il espère y être
affecté définitivement. Je souhaite qu’il
réussisse. Il me dit que peut-être nous nous
trouverions en permission. Je voudrais
bien que ce soit vrai.
. Au revoir petite fenotte. Je termine
car il faut me remettre au boulot. Pour-
rais-je te lire ce soir. J’espère que oui et
j’attend. Mille bises à notre Zizou
Bonjour à toute la famille.
. Ton Simon qui t’adore et ne cesse
de penser à toi. J’attend avec impatience
de vous rejoindre. Ton petit mari qui
t’aime de toutes ses forces et t’embrasse
bien fort. Souviens-toi ! Attends-moi
Laissez votre message