Recto
. 27 Novembre 1917
. Ma Jeannot chérie
. J’ais reçu hier soir ta carte du 22
courant que j’ais lu avec beaucoup de plai-
sir. Je suis content de vous savoir tous
en bonne santé.
. Tu me dis que tu as repris ton tra-
vail, mais tu n’as pas l’air d’être cer-
taine que ça marche bien et que ça ne
s’arrête pas à nouveau. Je souhaite
et j’espère que non.
. Notre Zizi est toujours bien por-
tante et bien diable et elle fait tou-
jours des sottises à ses grands-mères.
Elle est à l’âge où les enfants sont
turbulents, ,il n’y aurait que l’école
pour y remédier un peu. Mais puis-
que c’est impossible pour cette année
encore, attendons et faites votre possi-
ble pour qu’elle reste le plus sage
possible. En attendant embrasse la
bien fort pour son papa qui pense
à vous constamment et qui s’ennui
bien loin de vous.
. Ma Nonot, tu me dis que les russes
qui étaient à la Courtine et qui s’é-
taient mutinés sont à Montbrison.
Comme tu le dis il ne vous man-
quait plus que ça. Je me demande
ce qu’ils veulent en faire. Je crois qu’ils
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ne ferait pas mal de les renvoyer chez
eux, car ils ne sont bons qu’à manger
notre pain. Et nous n’en avons pas de
trop. Ah ! triste vie … triste existence
Pauvre peuple de France ! Tu n’es pas
ménagé. Faut-il que nous soyons bêtes
tout de même !
. Mamie chérie. Je me porte tou-
jours assez bien. Hier soir nous avons
déménagé. Nous nous sommes mis
en route vers les 6 heures du soir.
Nous avons eu deux heures de mar-
che par les boyaux et à terrain dé-
couvert dans la boue et les trous
d’obus. Nous logeons dans une sape
boche, c’est assez solide, c’est très
profond mais nous y sommes très
serrés. Nous sommes à l’abri du
mauvais temps et des obus c’est
déjà quelque chose. Par exemple
pour aller à la soupe nous avons
un bout de chemin à faire et pas
commode. J’ignore si nous som-
mes ici pour longtemps. Ah !
vivement que nous soyons relevés.
Aujourd’hui nous avons un bien
vilain temps. Ce matin il tom-
bait de la neige, à présent il pleut.
Nous avons de la boue à tenant
dans les boyaux. On nous fait tra-
vailler à enlever l’eau et la boue
j’en arrive à l’instant ; il ne
fait pas chaud.
. Et toi ma Jeannot des bois.
Pourrais-je te lire aujourd’hui ?
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J’espère que oui.
. Au revoir petite femme. Mille bises
à notre gentille Zizi. Bien le bonjour à ta
mère, à chez moi à toute la famille. Bonne
santé et bonne chance à tous. J’attend de
vous revoir avec beaucoup d’impatience.
. A demain ! Ton petit homme qui
t’adore de toute son âme t’envoi ses plus
douces caresses comme pendant la permission
déjà si loin. En attendant la paix impa-
tiemment je t’embrasse bien fort sur ta
bouche. Souviens-toi ! Attend-moi !
. Je t’aime bien … bien. De tout mon
cœur plein de toi.
. Ton Simon tout à toi
. Collay
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