Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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27 mai 1917 : malheureusement je ne vois pas encore la fin proche.

28 mai 2017 Laisser un commentaire

Recto

Vos caresses me manquent, cette vie de brute me dégoûte.

Deux trèfles à quatre feuilles.

.                         7 mai 1917
.       Ma Jeannot chérie
.       Je viens de recevoir à l’instant ta lettre
du 25 courant que j’ais lu avec beaucoup
de plaisir d’apprendre de vos bonnes nou-
velles de tous et de savoir que la santé se
maintient toujours très bonne pour mes
deux gosses chéries que j’aime plus que
tout au monde. Je te remerci beaucoup
pour les deux trèfles a quatre feuilles que
tu m’envois J’espère et je souhaite qu’ils
nous porterons bonheur à tous et que
nous pourrons vivre de beaux jours heu-
reux, tendrement unis après cette terrible
guerre qui nous fait tant souffrir. Vivement
qu’elle nous soit rendue cette paix que
nous attendons depuis si longtemps. Je
suis très très impatient. Je m’ennui et
[…….] loin de vous vos caresses me
manque cette vie de brûte me dégoûte
[     ] grandement besoin qu’elle cesse mais
malheureusement je ne vois pas encore
la fin proche. Ce ne sera encore pas pour
cette année. Pourtant ! Ce serait nécessaire
je crois. Enfin ! Attendons et patientons
puisque nous ne pouvons faire autre chose
Tu me dis que les hommes récupérés sont
rentrés et qu’il y en a une pleine caserne
et dans deux ou trois cantonnements.

 

 

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jusqu’à ce que la race française ne soit plus qu’une race appauvrie de bancals et estropiés.

Les massacres ne s’arrêtent pas .

Tu me demande ce qu’ils veulent faire de
tout ce monde. Ce n’est pas difficile à com-
prendre : ils veulent en faire de nouvelles
victimes, il n’y en a pas encore assez, pa-
rait-il… Il en tombe tous les jours, les mas-
sacres ne s’arrêtent pas et pour peu que la
guerre dure un an de plus on rama ramas-
sera les boiteux et les bossus, jusqu’à ce
que la race française ne soit plus qu’une
race apauvrit de bancals et estropiés. Il
fait grandement besoin que ça finisse bientôt :
cela est nécessaire pour que la misère soit suppor-
table le lendemain de la Paix.
.         Mamie chérie. Tu me dis que notre Zizou
se porte toujours bien que ça petite langue tourne
à merveille ; mais elle fait toujours pipi au lit plus
ou moins ça fait des périodes. Ça a sans doute ten-
dance à lui passer et ça finirait bien sans quoi
il faudra revoir le docteur car elle se fait grande
et ça devient inquiétant.
.        Moi je me porte toujours bien. Hier
soir nous avons déménagé mais nous som-
mes venus coucher pas loin dans les ruines
d’un village à quatre kilomètres d’où nous
étions. Nous devons nous remettre en route
dans la nuit je ne sais pas à quelle
heure. Aujourd’hui nous nous sommes reposés
[       ] tranquils. Il fait très chaud
[       ] ; heureusement qu’on nous fait
marcher la nuit sans quoi nous ne serions
[       ] sur les routes avec tout notre four-
bi sur le dos. Nous avons une vingtaine de
kilomètres à nous payer cette nuit. Nous de-
vons arriver dans la matinée de demain a
notre lieu de destination où nous ne resterons
sans doute pas longtemps. On dit que nous y
resterions cinq jours après quoi nous remon-

page 3

J’attends avec beaucoup d’impatience que vienne mon tour de partir en permission.

Il ne faut pas s’y fier.

terions en ligne à droite d’où nous étions. Tout cela est
plus ou moins sûre et il ne faut pas s’y fier.
.    Au revoir ma Jeannot des bois. Embrasse
bien notre Zizou pour moi. bien le bonjour
à ta mère, à ta grand-mère et à toute la famille.
Bonne santé et bonne chance à tous. Et au plus
vite la fin de cette maudite guerre.
.    J’attend avec beaucoup d’impatience que
vienne mon tour de partir en permission pour
embrasser bien fort ma Jeannot et notre gentille
gamine. Il me tarde de vous revoir et de goûter
vos caresses.
.        A demain petite fenotte. Je pense
à toi constamment et ne cesse de désirer l’heu-
reux jour qui nous réunira et nous rendra
tout notre bonheur.
.        Ton Simon qui t’embrasse des millions
de fois bien fort sur tes lèvres souviens-toi
les jours heureux ! Je t’adore et j’attend
N’oubli pas    Simon        Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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