Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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10 mai 1917 : rien de bien changé dans notre vie d’abrutis.

11 mai 2017 Laisser un commentaire

Recto

Hier soir nous avons fait à peu près 5 kilomètres.

Nous avons déménagé hier soir.

.                           10 mai 1917
.        Ma Jeannot chérie
.        Je n’ais rien reçu de toi ni avant-hier
ni hier. J’espère que ce soir j’aurai une de
tes lettres et pourrai lire de vos bonnes nouvelles
à tous.
.        Nous avons déménager hier soir mon ba-
taillon est en réserve pour le moment, les deux
autres sont en ligne. Nous sommes logés de
la même façon que les jours passés. Dans
des cagnats construites avec les briques des
maisons démolies, car nous sommes à l’em-
placement d’un autre village dont il ne
reste que des décombres.
.        Je me porte toujours bien. Hier soir
nous avons fait à peu près 5 kilomètres.
Nous avons un temps superbe, un soleil
épatant . Je souhaite qu’à Montbrison
ce soit pareil.
.    Rien de nouveau, rien de bien changé
dans notre vie d’abruti, c’est toujours
à peu près pareil. Je m’ennui et ne cesse
de penser à mes deux gosses et à désirer le
retour près de vous. Quand viendra-t-il
cet heureux jour… ce qu’il se fait attendre
La Paix vivement.
.    On vient de me remettre à l’instant tes
lettres du 5 et 6 courant. Je suis content car
j’étais inquiet.
.    Seulement tu me dis que notre Zizou
a eu une indigestion et tu pense que c’est
le pain qui lui l’a occasionné. J’avais
déjà entendu dire que le pain de vallait

 

 

 

Verso

Pour nous jusqu’à présent nous n’avons pas fait d’attaques.

Ne prête donc pas l’oreille
aux racontars.

plus rien ; c’est tout de même bien embêtant
si le principal de la nourriture devient défectueux
Enfin ! … Espérons que la fin de cette maudite
guerre ne tardera pas, quand il n’y aura plus
rien à manger il faudra bien que ça s’arrête
.   En revanche tu pense qu’il y aura beaucoup
de fruits et la vigne commence à reprendre vi-
gueur. Ne désespérons donc pas et attendons
avec le plus patience possible la solution et
la paix tant désirée. Que la chance soit avec nous
jusqu’au bout et que nous soyons réunis pour
toujours.
.    Ton travail marche assez bien me dis-tu.
C’est encore heureux, sans quoi je me deman-
de comment vous feriez pour vous en sortir
aux prix que sont tous les vivres.
.    Tu me dis qu’il y a beaucoup de racontars
et comme tu le dis si bien c’est souvent
ce qui en savent le moins qui en disent
le plus. Pour nous jusqu’à présent nous
n’avons pas fait d’attaques. Nous avons
eu un peu de perte les premiers jours car
le secteur n’était pas organisé, à présent
il y en a très peu. Ne prête donc pas l’oreille
aux racontars et ne te fais pas du mauvais
sang. Ayons confiance… rien ne sert de
désespérer.
.        Au revoir ma Nonot. A demain
j’espère que je pourrai encore te lire
et avoir de vos bonnes nouvelles. Que
notre gentille Zizou n’aura pas été de
nouveau fatigué. Les indigestion sont
parfois mauvaises, surtout chez les enfants.
Il faut s’en méfier. Embrasse-la bien
pour moi. le temps me dure de vous revoir
moi aussi.
.  Bonjour à ta mère, à ta grand-mère
Et à toute la famille. J’espère que tous
Vous allez aussi bien que possible
.  Ton petit homme entièrement à toi
et qui ne désire qu’une chose : reprendre
sa place près de ses deux gosses chéries.
Je t’adore de tout mon cœur plein de toi et
t’embrasse bien fort et t’envoi mes plus ten-
dres caresses.  Simon     Collay

 

 

 

________________________________________________________________________

Le régiment se déplace au sud ouest de Saint Quentin

Mouvements du 38e RI

Le régiment reçoit l’ordre de départ le  1er avril, il quitte alors Riquebourg (nord-est de Compiègne) et se rend à Emery Hallon où il arrive le 8 avril. Il y reste jusqu’au 13 et part pour Pithon puis Fontaine les Clercs. Cela correspond à la zone abandonnée par les Allemands dans les semaines  précédentes, nous avons vu qu’ils avaient laissé un champ de ruines, des villages systématiquement détruits. Simon le confirme dans cette lettre.

                Les bataillons sont déployés au sud-ouest de Saint Quentin, le 3ème, celui de Simon, se trouve sur la gauche, vers Dallon, en direction de l’Epine de Dallon. C’est là que se trouve le commandement. Cette aile gauche fait le lien avec les troupes anglaises, celles qui ont participé à la bataille de la Somme. ( la ligne bleue correspond au déploiement du régiment)

Simon est sur l'aile gauche

Secteur de déploiement du 38e RI

 

Simon, dans sa lettre du 10 rassure Jeanne à propos des racontars sur les pertes. Le bilan du 38ème, pour cette période  en première ligne, du 13 avril au 4 mai, les pertes ne sont « que » de 15 morts et 70 blessés…Il ne faut pas oublier qu’à la même période, 50 km plus au sud se trouve le secteur du chemin des Dames où l’offensive lancée à partir  du 16 avril a été un carnage..Les racontars, selon les secteurs évoqués, sont parfois réels. Simon, comme beaucoup d’autres, se veut rassurant.

A partir du 15 mai, ils sont envoyés à l’arrière, dans le hameau (Le Hamel) du village d’Happencourt. Il est, d’après Simon, largement détruit.

 

 

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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