Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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26 février 1917 : Nous ne sommes que des ouvriers, nous ne pouvons vivre sans rien faire.

2 mars 2017 Laisser un commentaire

Recto

Je me demande si ça continue de ce train, ce que ça va faire..

Si seulement cette guerre finissait

.                            26 février 1917
.                Ma Jeannot chérie
.              je viens de recevoir à l’instant ta lettre
du 22 et ta carte du 23. J’attendais de te lire
avec impatience car çà faisait deux jours que
je n’avais rien reçu. Je suis content de vous
savoir tous en bonne santé. Notre Zizou
est comme moi, elle tousse toujours, ce ne
sera rien, le beau temps fera passer çà.
.             tu travaille toujours onze heures, il
te faut encore faire la route ta journée
en effet est bien remplie et je comprend
que çà te fatigue un peu. Que veux-tu !
Nous ne sommes que des ouvriers, nous ne
pouvons vivre sans rien faire. Si seule-
ment cette guerre finissait, çà ne nous
empêcherait pas d’être heureux. Mais
quand finira-t-elle ? – C’est a n’y rien
comprendre.
.           Vous ne pouvez plus trouver du pé-
trole. Tout va donc finir par manquer :
charbon, pétrole, sel, poivre, moutarde,
sucre. Tout ceci manque dans beaucoup de
d’endroit. Je me demande si çà continue
de ce train, ce que çà va faire. Allez-vous
êtres obligés de serrer la ceinture ce serait
le comble. Mais çà ne m’étonnerait pas
.     Enfin ! Attendons – soumettons-nous

 

 

Page 2

Mamie chérie tu ne veux pas que je me fasse couper la moustache.

Nous sommes trop lâches pour faire
autre chose.

puisque nous sommes trop lâches pour faire
autre chose. il y en a bien mare pourtant.
.      Tu me dis que ta mère fait travailler la
vigne. J’espère que la gelée ne lui aura pas
fait de mal et que la prochaine vendange
vaudra au moins celle-ci.
.       Mamie chérie tu ne veux pas que je
me fasse couper la moustache. Tu me le
dis un peu tard car je n’en ai plus, elle
est rasée. J’ais voulu essayer, mais je veux
la laisser repousser car il faudrait que je
me rase trop souvent, autrement çà fait
vilain. Et puis tu ne le veux pas je vais
donc la laisser repousser. Je me suis pas
mal fait chiner par les camarades. Il y en
a qui m’ont dit : tiens c’est un nouveau
de la classe 17. D’où viens-tu le bleu.
D’autres : bonjour monsieur l’aumonier
ou encore : bonjour fifille. Un jour que
j’étais aux cuisines le lieutenant est ren-
tré et a demandé : qu’est-ce que c’est que
tout ce monde et a chaque poilu : Qu’est-ce
que tu fais. A moi : qui est-tu ? – Collay
brancardier A c’est vrai ! Je ne te recon-
naissait plus à présent que tu t’ais fais
raser les moustaches. Le lendemain je le
trouve dans la rue et je toussais. Il m’a dit :
tu es enrhumé. Pourquoi t’ais-tu fais couper
les moustaches. C’est çà qui fait que tu es
enrhumé. Je ne crois pas moi que çà soit
de là que je tousse… il y a assez d’autres causes
sans celle-là.
.     Rien de nouveau depuis hier. La santé
n’est pas trop mauvaise. Aujourd’hui je
ne suis pas allé au travail. J’ais fais des
feuillées au cantonnement et désinfecté un
peu partout. Ce matin il a plus un

 

page 3

Embrasse bien notre gentille Zizou pour son papa.

Il y a toujours beaucoup de boue

peu. cette après midi nous avons un peu de soleil.
Çà fait plaisir. Il y a toujours beaucoup de boue
Elle n’est pas près d’être sèche.
.     Au revoir petite fenotte. Embrasse bien notre
gentille Zizou pour son papa. Bonjour à ta mère
et a mes chers parents. C’est étonnement que tu ne
sache pas encore que le gosse du Louis est au monde
.     J’espère que demain il me sera encore possible
de te lire et d’avoir de vos bonnes nouvelles à tous
.      Ton petit homme qui pas un instant ne
vous oublie. Je t’adore, ma Nonot. Je t’aime
de toutes mes forces et je t’envoi mes meilleures
caresses et mes plus douces bisettes. Comme pour
les 7 jours. Je t’embrasse bien fort sur tes lèvres
et aussi à ton cou à l’endroit qui porte
encore la trace de nos dernières caresses.
Vivement que nous soyons à nouveau
réunis. Nous serions bien heureux. Que c’est
long cette séparartion.
.     Ton Simon tout à toi, mamour et
pour toujours. Je t’aime comme on ne
peut aimer qu’une fois. J’attend impa-
tiemment.         Simon     Collay

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Jeanne 26 février 1917 : que c’est triste la guerre.
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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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