![Que c’est long ma mie : je m’ennuie loin de vous !](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/12-26-avril-1.jpg)
Zizou doit être bien drôlette
. 26 avril 1916
( en haut à gauche :
Tout
à toi
et pour
toujours
Collay)
. Ma bien chère petite femme
Je n’ai encore rien reçu de toi hier, ce sera pour aujour-
d’hui que j’aurai de bonnes nouvelles de tous ceux que j’ai-
me et qu’il me tarde de revoir. J’espère que la santé
se maintient pour toute la famille et que tout va
du mieux possible sans qu’il ne ce soit rien produit
de facheux. Que notre petite gamine de Zizou profite tou-
jours bien, qu’elle est toujours bien diable et bien
gentille, elle doit être bien drôlette et sa petite langue
et ses petites jambes doivent aller leur train. Quand
pourrais-je reprendre ma place près de mes deux gosses
que j’aime tant. Que c’est long… que c’est long ma
mie : je m’ennui loin de vous ! Que la séparation est
dure et cruelle. Que nous serions heureux sans cette
guerre maudite qui se prolonge éternellement. Rien
toujours rien qui nous fasse prévoir cette Paix tant
attendue, tant désirée. Où est-il ce beau jour qui
doit nous rendre notre vie commune, notre bonheur ?
Hélas ! … qui sait…les mois passent et nous attendons
toujours. On prêche la patience… mais tout de même
il y en a bien de trop et tous nous serions bien heureux
de revoir nos familles.
. Je me porte toujours assez bien. Notre secteur
n’a pas l’air trop terrible. Cette nuit il nous a
fallu prendre la garde et placer quelques fils de
fer. A part quelques coups de fusils et les fusées
la nuit a été calme. Comme toujours quand
nous sommes aux avants-postes l’ordinaire n’est
pas trop abondant ni fameux. Nous avons beau-
coup de rats qui toute la nuit voyagent de tous
cotés : dans les boyaux, dans les cahuttes. Il doit y avoir
aussi des poux, je commence à les sentir.
. Heureusement que le beau temps se maintient
nous conservons le soleil ce qui est fort apprécia-
ble. Pas autre chose à t’apprendre pour le moment.
J’attend avec impatience ce soir en espérant pouvoir
te lire. Au revoir ma Jeannot prend bien soin
de notre chère petite gosse. N’oubli pas celui qui
loin de vous attend impatiemment de pouvoir vous re-
joindre. Je t’aime bien-bien-mon cœur est aussi
jeune qu’au début de notre amour qui ne s’est que
fortifié. Je t’adore ma petite femme chérie et je
t’embrasse bien fort sur (tes) lèvres : Comme autrefois,
comme pour les 6 jours (qui no)us ont paru si courts.
Mille bisettes au Zizou (bien) le bonjour et bien
des choses à toute la f(amille). Bonne santé à tous
Vivement la paix…J’ (attend) impatiemment
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