Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

  • Accueil
  • Le projet
    • Une rencontre, un projet
    • Démarche
  • Toutes les lettres
    • Correspondance Simon
    • Courrier Jeanne
    • Documents
  • Contact

23-24 avril 1916 : il m’arrive souvent d’avoir le cœur bien gros

25 avril 2016 Laisser un commentaire

On se rechauffera car pour le moment il ne fait pas trop chaud

Je crois que je vais prendre une transpirée

.                        23 avril 1916
7h du matin
( en haut à gauche : Je         à droite : Mes
t’aime                                      plus douces
et pense                                  caresses et
continuellement                    baisers a
à mes deux                             à mes deux
chéries)                                   gosses)

.             Ma Jeannot chérie

.   Nous ne sommes pas encore partis ; nous devons
partir  à 11 heures ce matin. Où allons-nous ? Nous
l’ignorons encore, toute la nuit il a tombé de l’eau
mais le temps a l’air de vouloir s’éclaircir, nous
n’aurons peut-être pas trop mauvais temps pour
déménager. Je crois que je vais prendre une trans-
pirée, je suis chargé comme un mulet. On se
réchauffera car pour le moment il ne fait pas trop
chaud. Enfin ! Espérons que ça se passera bien.
J             Collay
.                              24 avril
Hier je me suis arrêté de t’écrire car le vaguemestre
était parti ce n’était donc pas la peine que je te fasse
une lettre. comme nous allions partir on ma remi
ta lettre du 20 courant. J’apprend de vos bonnes nouvelles
avec toujours beaucoup de plaisir. Le temps me
dure de voir notre Zizou, comme elle est jolie avec
sa nouvelle robe. J’attend sa photo avec impatience
la tienne aussi. Toutes mes lettres ou cartes ne doi-
vent pas t’arriver, tu n’as rien reçu à la date du 15
pourtant il me semble bien que je t’ai écris. Tu me de-
mande si le cinéma était joli, ça nous a amusé un
moment, il y avait quelques scènes amusantes, mais après
une fois que je me suis été couché j’aurais presque pleurer en
pensant aux quelques fois que nous y sommes allés  ensem-
ble avec notre petite Zizou. il m’arrive souvent d’avoir
le cœur bien gros en pensant à nos beaux jours. Hélas !
Quand notre bonheur nous sera-t-il rendu … ?
.        Hier matin à 11 heures nous nous sommes mis en
route nous n’avons pas eu trop mauvais temps.
Nous nous sommes envoyés 24 ou  25 Km, avec tout
notre fourbi, nous n’en pouvions plus, j’avais les
épaules brisées et les pieds me faisaient bien mal
Il était à peu près 4 heures quand nous sommes
arrivés au petit village où nous sommes. Le village
est à peu près à 7 Km des avants-postes. à 10 h ½ 11 heures
nous nous mettrons en route pour reprendre de nouveau
les tranchées. Au revoir petite femme. Aussitôt arrivés
je tâcherai de t’écrire. Bien des choses aux grand’mères
à mes parents, à toute la famille. Mille bisettes au Zizou
Bonne santé à tous. Ton Simon qui te bise bien fort sur tes lèvres

___________________________________________________________________________________

Au sortir de la quinzaine de jours passée à Verdun, le régiment est envoyé au repos plus au sud, entre Saint Dizier et Bar le Duc.  C’est une période de calme, de repos, destinée à reconstituer les corps mais aussi les bataillons, compenser les pertes subies : la classe 16, arrivée de Saint Etienne est intégrée. Quelques jours à la campagne suivis d’un regroupement sur Saint Dizier en attendant une nouvelle destination, inconnue des hommes. On peut être surpris de constater le manque total d’information à destination des troupes. Les soldats ne savent pas combien de temps ils restent à un endroit, les bruits divers courent : on reste ? On part ? Pour où ? Quand ? On retrouve cette sensation dans les courriers de Simon.

Différentes positions du régiment de Simon Collay

Cantonnement du 38ème après Verdun ( 16 au 26 mars)

Ils repartent de Saint Dizier, en train, dans des conditions pénibles : nombreux, dans des wagons à bestiaux. Ils débarquent le soir à Glaignes, au nord de Crépy en Valois et sont envoyés en cantonnement  dans des villages situés au sud de la forêt de Compiègne.

ils arrivent à Glaignes

Voyage en train du 26 mars, retour vers le front

 

Stationnement des troupes du 38ème en mars avril 1916

Cantonnement du 27 mars au 23 avril 2016

   Ce secteur est situé au sud de la forêt de Compiègne, le front est à moins de 20 kilomètres au nord

La réorganisation des bataillons continue : les officiers, sous-officiers sont affectés, à titre temporaire ou définitif,  les hommes sont récompensés pour leur bravoure, il y a une remise de croix de guerre les 14 et 16 avril, accordées « à la suite des événements de Verdun »

Il y a un changement d’organisation générale : jusque là, les compagnies de mitrailleuse sont affectées par brigade, elles le sont désormais par régiment ce qui permet à chaque bataillon d’avoir sa propre compagnie de mitrailleuse, une volonté de meilleure efficacité sans doute.

A partir du 21, les commandants d’unité exécutent une reconnaissance des secteurs qui leur seront affectés dans les jours suivants.

La montée en première ligne est annoncée le 25 avril. Elle se fait  dans le secteur de Bitry. Le 3ème bataillon étant dans le secteur D3 dit de Libertrud, la 11ème compagnie, celle de Simon, est localisée en sous-secteur, comme « compagnie de gauche ».

Retour aux premières lignes

Affectation en 1ère ligne des 2ème et 3ème bataillons le 25 avril 1916

                  Secteur Est  de Compiègne, située à environ  20 kilomètres.

Les journées sont « relativement » calmes et occupées à renforcer les tranchées de 1ère ligne, mettre des « fils de fer ». Il y a des échanges de tir ennemis destinés à gêner ces opérations : obus de 77, quelques obus asphyxiants, tir de mitrailleuse « sans faire aucun mal » [1]Un compte-rendu très laconique, ressenti de manière différente par les hommes de troupes. Simon, en parle dans ses courriers, en le minimisant mais en admettant quand même quelques frayeurs…..

[1] JMO du 38ème, 1er volume, page 69.

Vous pourriez aimer lire ...

Jeanne 22 avril 1916 : on finit par se demander si il y aura bien une fin.
26 avril 1916 : Nous avons beaucoup de rats dans les boyaux, dans les cahuttes.

Vous voudriez me joindre ?

  • Vous avez des documents complémentaires?
  • Vous avez des questions?
  • Vous connaissez la famille de Simon?
  • Prenez contact avec moi !

Laissez votre message Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ont participé à ce site, par ordre chronologique

- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
- Philippe, enseignant en histoire, s'est engagé à les publier, décrypter, analyser, et à faire les recherches nécessaires à leur compréhension et interprétation
- Aniki, photographe, a fait les photos
- Kristof et JP, ont créé et codé le site.
- Brigitte, retraitée de l'enseignement, joue au webmaster

Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

Liens amis

  • Finderskeepers.fr
  • Correspondance de poilus
  • Chtimiste.com
  • Raconte-moi 14-18

Copyright © 2014 Philippe Maret | Mentions Légales