![Le temps me dure d’avoir sa photo et aussi la tienne](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/22-25-mai.jpg)
C’est donc un véritable
petit diable
. 25 mai 1916
( en haut à gauche : en haut à droite :
Simon mes meilleurs
Collay caresses à mes
. deux gosses
. chéries
. j’attend !
. Ma Jeannot bien-aimée
. J’ai reçu hier soir ta lettre du 21 courant. Je te remerçi
pour l’œillet et le muguet qu’elle contenait, tout ce qui
vient de toi me fait toujours bien plaisir. Je suis heureux
de savoir que toute la famille se maintient en bonne
santé. Je comprend très bien que mon frère Louis soit
content de passer quelques jours de tranquilité près
de tous ceux que nous aimons. Le temps me dure bien
moi aussi, mais hélas mon tour n’est pas encore
là. Tu lui diras bien des choses de ma part. Je
crois que c’est aujourd’hui que Georges doit passer
la révision, sera-t-il pris ?
Tu as raison de mener notre Zizou vers le médecin
tu me feras savoir qu’il t’auras dis, pour moi ca
doit-être une faiblesse de reins. Tu l’as menée
de nouveau photographier mais tu n’as pû la
faire tenir tranquille. C’est donc un véritable
petit diable. Le temps me dure d’avoir sa
photo et aussi la tienne. Tu m’envoi un autre
colis. Merci bien petite femme je te ferai savoir
sitôt que je l’aurai reçu. Tu n’oubli pas ton
Simon, mais il ne t’oubli pas non plus. Que la sé-
paration est donc longue ! Ce n’est pas près d’être
fini. J’aurai pris mon parti et je crois que nous
passerons un autre hiver dans les tranchées. Ca
chauffe dur à Verdun mais je ne crois pas que ce
soit là que se déclare l’issue de cette maudite guerre.
Je me porte toujours assez bien. Hier toute la jour-
née nous avons eu la pluie. Les boyaux sont pleins de
boue aussi c’est énormément pénible pour faire la
corvée de soupe. Cette nuit il a plut, il pleuvait
encore ce matin puis ça s’est arrêter et il a fallu
aller enlever l’eau dans les boyaux avec des poches
en bois. nous allons y retourner à nouveau tout
à l’heure je suis égouttier pour aujourd’hui.
Le temps est toujours sombre et il se pourrait
bien qu’il pleuve encore tout à l’heure. Ce n’est
pas le rêve, on est toujours plein de boue et on a
les pieds bien au frais. Aussi je ne suis guère a
mon aise pour t’écrire. Au revoir ma Jeannot,
ma mie des bois. Ton petit homme t’aime bien bien
je te bise bien fort sur tes lèvres. Embrasse bien
notre chère petite Zizou pour son papa qui attend
impatiemment de vous revoir. Bien des choses a
tous les parents. Bien le bonjour au Louis qui
je l’espère passera une bonne permission.
Peut-être que tout à l’heure je pourrai relire ma
Jeannot chérie. J’attend toujours tes lettres avec im-
patience. Je t’adore…Vivement l’heureux jour
qui nous réunira. tout à toi et pour toujours.
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