Recto
. le 24 décembre 1915
( en haut à gauche en vertical :
Je t’aime ! Ne l’oublie pas)
. Ma bien chère
. petite femme
. J’ai reçu ce soir ta lettre du 20
courant qui m’apporte de bonnes nou-
velles de mes deux chéries et de tous mes
parents. J’espère qu’il en sera toujours
ainsi et que rien de fâcheux ne viendra
vous inquiéter.
. Moi ça ne va toujours pas plus
mal. Nous avons toujours la pluie
et dans la soirée nous nous sommes
mouillés en nettoyant les boyaux et
tranchées qui étaient pleines de boue
nous en avions jusqu’au chevilles.
. Nous sommes logés dans une casba
qui ne serait pas trop mal si elle
n’avait pas le défaut de nous laisser
Centre gauche
choir de l’eau sur la tête ; à par ça
nous ne serions pas mal couchés.
Ma chérie : tu me dis que tu
vas m’envoyer un autre colis. Merci
bien. Je te ferai savoir quand je
l’aurai reçu. S’il y a quelque chose
à manger ça servira à fêter le jour
de l’an. Mon oncle t’a envoyé de
quoi me faire un colis, je lui écri
rai pour le remercier.
Ce soir est la veille de Noël.
Triste noël ! – bien triste… Voila
bientôt une nouvelle année. De 1914
à 1916 qui aurait pu se figurer qu’une
guerre puisse durer si longtemps.
Si encore nous pouvions espérer une
proche solution et le retour de la
Paix si attendue par tous ceux
qui souffrent de cette affreuse situa-
tion. Petite femme : que c’est pénible
de vivre séparés si longtemps ; vive-
ment que ça finisse et que nous
Centre droit
soyons réunis à nouveau. Que
nous serions heureux de pouvoir élever
ensemble notre gentille petite Zizou
que tu me dis si drôle ; qu’elle bonheur
d’avoir à nous deux ses petites caresses
et de réunir nos efforts pour l’élever
et l’instruire le mieux possible.
Oui ! nous serions bien heureux.
Aussi j’attend toujours de plus en
plus impatiemment l’heureux jour
du retour près de vous. Je t’aime
bien ma mie des bois ; pas un
instant je ne cesse de penser à toi
et à notre gamine. Je ne vie que dans
l’espoir de voir finir cet odieux
cauchemar et de voir revenir nos
beaux jour. Comme je saurais bien
vous aimer mes deux gosses chéries.
J’ai soif de votre tendresse et de
vos caresses. La vie brutale que nous
menons n’est pas faite pour me
convenir. Je languis et m’ennui
Verso
loin de ce que j’ai de plus cher au
monde. Je t’écris tous les jours et
quand il m’arrive de ne pas avoir le
temps je te le fais savoir.
. Au revoir ma Jeannot, ma
Zizou, au revoir toute ma vie. Fasse
que nous soyons réunis le plus tôt
possible. Je vous aime bien… bien…
bien et j’attend ! Votre petit
mari et petit papa vous envoi ses
meilleures caresses, ses plus doux baisers
ses plus tendres souvenirs. Un million
de bisettes à mes deux aimées. Bien
des choses et bien le bonjour à mes pa-
rents, à mes frères, à ta mère, à ta
grand-mère, à toute la famille.
Bonne santé à tous
Ton Simon tout à toi t’embrasse
bien tendrement sur ta bouche. Sou-
viens-toi de nos beaux jours d’autrefois
et des 7 jours si courts. Je t’adore !
Au plus tôt que nous soyons réunis
. Collay
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