Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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23 avril 1917 : tous me parlent de la fin prochaine de la guerre.

23 avril 2017 Laisser un commentaire

Recto

Hier soir nous avons déménagé mais nous ne sommes pas allés loin.

Tout à l’heure je me suis débarbouillé

.                                                  23 avril 1917
( en haut à gauche :
je te renvoi trois de tes lettres et une
carte. N’oubli pas de me dire quand
tu les recevras. – Je n’ai pas besoin de chaussettes. Ne m’en envoi pas)
Ma Jeannot bien-aimée
.                 J’ais reçu hier soir ta lettre du 18 et
ta carte du 19 de ce mois. Je suis content d’avoir pu
te lire et avoir de bonnes nouvelles de tous ceux que
j’aime. Je vois avec plaisir que le temps s’est amé-
lioré vers vous comme ici. Tu me dis que la vigne
ne bouge pas, peut-être que s’il continu de faire
beau elle reprendra de la vigueur. Espérons-le q car
ce serait vraiment trop embêtant si la vendange était
complètement compromise. Ton travail marche
assez bien pour le moment. Je souhaite que ça
dure et que ça ne se retourne pas démanché.
.        Je me porte toujours bien. Hier soir nous
avons déménagés mais nous ne sommes pas allé
loin et c’est à peu près pareil, sauf que la compa-
gnie n’est pas aux postes avancés. Nous
sommes logés de la même façon qu’où nous
étions. Nous avons tout de même un grand
avantage, c’est de manger deux fois par jour
et c’est un peu chaud tandis que les jours
passés c’était tout froid.
.    Tout à l’heure je me suis débarbouillé
dans un entonnoir formé par une mine que
les bôches ont fait exploser pour couper la gran-
de route. Ça forme un trou énorme et l’eau
de pluie s’y est amassée si bien qu’il y avait
bien une vingtaine de copains qui se lavaient
en même temps que moi. Ce n’est pas malheu-
reux que j’ais pu me laver, j’avais la figure
raide. Je me suis aussi rasé ce qui fait que je
suis plus à mon aise. Aujourd’hui nous avons
encore bien beau temps et ça fait énormément
plaisir.
.      Hier soir en même temps que ta lettre. J’en
ais reçu une de mon père, une du Georges et une
du Louis ; tout à la fois tous me parle de la
fin prochaine de la guerre. Est-ce qu’il la sente

 

 

Verso

Il pense que la fin de la guerre n’est pas loin.

Cette Paix dont tout le monde parle.

moi je ne la crois pas si proche que cela. Mon
père me donne de bonnes nouvelles de la famille. ll me
dit que la vie devient de plus en plus difficile et me
parle de la future femme du Georges qui a l’air de lui
convenir. Georges m’écrit qu’il est toujours au même
endroit et fait toujours le même travail. Il s’attend d’aller
dans une autre direction d’un jour à l’autre. Il commen-
ce à se plaindre de la nourriture et il me dit qu’il verse
tous trois sous par jour pour l’améliorer sans quoi
ils la pilerait. Il n’a encore rien vu ; qu’est-ce que ce sera
si jamais il prend part à la vie qui nous ait faite. Il
me dit qu’ils ont toujours un sale temps. Il pense que
la fin de la guerre n’est pas loin. Louis lui me dit
qu’il revient de perm et me donne de bonne nouvelles
de toute la famille que tu allais bien et que Zizou
est toujours bien diable et bavarde, un peu trop
même. Il vous envoi bien le bonjour. Il paraitrait
que Claudius Morel qui est prisonnier en Allemagne,
aurait écrit qu’il espérait se trouver avec son frère
dans trois mois. Le fils Duchamps qui lui aussi est
prisonnier aurait écrit qu’il serait chez lui pour
ramasser les pommes de terre. Si c’était vrai…
J’en doute encore… Enfin ! Espérons toujours !
.          Au revoir ma Jeannot chérie. Embrasse
bien notre Zizou pour son Papa de la guerre qui
voudrait bien être son papa de la paix.
.    Bien le bonjour à ta mère, à mes parents
à toute la famille. Vivement… bien vive-
ment que cette Paix dont tout le monde parle
nous soit enfin rendue. Quel bonheur serait
le notre que d’êtres à nouveau réunis. Quelle
joie ! … Que la chance soit toujours avec
nous jusqu’au bout, qu’il nous soit per-
mi d’êtres encore heureux et d’êtres tous les
deux pour faire une grande fille de notre
Zizou.
.  Ton Simon qui t’adore de toute son âme
et qui t’embrasse bien fort en attendant l’heu-
reux jour de la paix. Je t’aime… J’attend
N’oubli pas… attends-moi !
A demain… Mes plus douces caresses à mes
deux gosses chéries.    Simon     Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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