Recto
21 avril 1915
Ma Jeannot chérie
Je n’ai encore rien reçu de vous aujourd’hui
vos lettres doivent s’égarer. J’ai reçu une
lettre du Louis qui continu a être bien por-
tant, sa vie est toujours pareille, il me dit
qu’il faut que réellement maitre Joanny man
que totalement d’énergie pour rester si long
temps à la charge de mon père et de ma mère.
Il y a déjà quelques jours qu’il n’a pas
Vu ton cousin Chassagneux, il ne sait pas
s’il a quitté le patelin où ils étaient tous
les deux.
Ma Jeannot chérie : la vie pour nous
est toujours pareille, ce matin nous sommes aller
à l’exercice, ce soir nous y retournons. Aujour
d’hui le temps est sombre, nous n’avons pas
vu le soleil. Je pense continuellement à mes
deux gosses que j’aime tant, j’ai les idées
un peu sombres car vraiment c’est trop long
et ça menace de s’éterniser, je suis compléte
ment dégouté. Quand donc pourrais-je vous
Verso
revoir autrement quand en photo ? qu’elle joie
le jour où je pourrai vous embrasser bien fort
et reprendre notre bonne vie d’autrefois. Comme
nous étions heureux ! C’est vraiment bien dure de
vivre loin de vous, je ne puis voir les progrès que
fait notre Zizou, je [ne] puis entendre son babil ni gouter
à ses caresses. Oh ! vivement que cette guerre maudite
prenne fin, que je puisse vous revoir tous, vous
que j’aime. Je ne me lasse pas à regarder l’image
de ma Jeannot et de notre Zizou, je pense constam
ment à vous et n’ai qu’une idée ! c’est de vous revoir
Enfin ! essayons de prendre encore patience ! peut-être
que la solution viendra presque brusquement
J’espère que demain je pourrais vous lire et en
Attendant je vous embrasse tous bien fort.
Au revoir à tous. Je vous aime et
J’attend avec beaucoup d’impatience.
Votre mari, fils, filleul, neveu et frère
Simon
( à l’envers : Je t’embrasse bien fort ma Jeannot. Comme
autrefois au bois. Quel doux souvenir où est cet
heureux temps, où sont nos beaux jours et tout
notre bonheur. Embrasse souvent et bien fort notre
Zizou pour moi qui vous adore toutes deux.
Je vous aime tout plein.)
Carte rajoutée, du même jour, (destinée à Jeanne seule sans doute)
J’essaie d’espérer mais je me lasse
Ma Jeannot tant aimée
Comme je m’ennui loin de toi
C’est terrible tout de même Je t’aime ! et
notre enfant qui nous rappelle de si précieux sou
venirs et des heures d’un véritable bonheur, pourquoi
en suis-je été séparé si tôt ? pourquoi suis-je obligé de
languir loin de vous : comme je souffre ma femme d’être
obligé de vivre sans toi, sans tes douces caresses, sans celles
de notre Zizou ! Aurai-je le bonheur de vous revoir, de
reprendre notre bonne vie d’avant. Il me semble qu’il
y a plusieurs années que je vous ai quittées. Mille et
mille baisers à vous deux que j’aime tant.
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