Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

  • Accueil
  • Le projet
    • Une rencontre, un projet
    • Démarche
  • Toutes les lettres
    • Correspondance Simon
    • Courrier Jeanne
    • Documents
  • Contact

18 avril 1915 : la faucheuse poursuit son œuvre. Nous ne sommes plus des hommes, mais des brutes asservis sous le militarisme et la fatalité.

18 avril 2015 Laisser un commentaire

Recto

Pourquoi toutes  les puissances sont elles acharnées à cette œuvre de destruction

Plus ça va plus cette maudite guerre menace de durer

Le 18 avril 1915

Chère femme (de coté je te renvoie
3 de tes lettres)
Cher oncle
J’ai reçu votre lettre du
14 avril hier au soir.
Je suis toujours heureux de vous lire et
d’apprendre de bonnes nouvelles de tous
ceux que j’aime et qui m’attendent
Malheureusement le temps s’écoule et rien ne
nous fait prévoir le retour des jours heureux
près de tous mes êtres chers. Toujours la vie
de brûte stupide, toujours de l’angoise et
de l’inquiétude. Où est donc notre bonne
vie pleine de calme ? Pourquoi suis-je loin
de ma Jeannot, de notre Zizou, de tous
ceux qui m’intéressent ? Pourquoi toutes
les puissances sont elles acharnées a cette
œuvre de destruction ? Où est la sagesse ?
Hélas ! plus ça va plus cette maudite

 
Centre gauche
guerre menace de durer et personne ne cherche
à enrayer cette situation dangereuse.
Comme c’est dure de vivre loin
de ceux que l’on aime, que de
souffrances morales l’on endure.
On s’épuise à espérer. On recherche dans les
journaux des indices de paix prochaine, mais
malheureusement c’est toujours sans succès.
Rien !…toujours rien … La faucheuse
poursuit son œuvre. Nous ne sommes plus
des hommes, mais des brutes asservis sous le
militarisme et la fatalité. Tous les hommes
vont être ramassés, il ne restera plus que
les âgés ou les trop jeunes, mais tous ceux
qui sont presque capables de porter un fusil
sont enrôlés de force par la terrible ogresse :
Guerre 1914-1915 et peut-être … ?
Est-ce que les peuples vont se laisser faire
jusqu’au bout ? Vont-ils se laisser saigner
à blanc sans un mouvement de révolte… ?
J’ai fini de croire que l’Europe était
civilisée. Je ne vois qu’une bande de monarques
plus ambitieux les uns que les autres, qui font le
malheur de l’ouvrier toujours dupe de ces
fourbes. Je ne puis m’empêcher de réfléchir et

 

Guerre 1914-1915 et peut-être … ?

Beaucoup de misère se prépare
oh vivement la paix.

Centre droit

de me rendre compte que la civilisation est bien
en retard et que le beaucoup de misère se prépare
oh vivement la paix. Ce ne sera jamais assez
tôt pour être sage ? J’attend ! comme tous
ceux qui sont au front…
Ce matin nous avons encore changé de can
tonnement, nous sommes revenus dans le village
où nous étions précédemment : nous y resterons
encore demain et après demain nous irons pren
dre les avants postes à la place du 86em
Aujourd’hui nous avons un temps superbe
quoiqu’il fasse du vent. Je souhaite qu’a
Montbrison il en soit de même, moins le
vent, et que notre petite Zizou puisse courir,
s’amuser et prendre l’air à son gré. Chère
enfant ! ce n’est pas sans attendrissement que
je pense à toi, comme tu dois être grandette et
gentille, comme tes caresses doivent êtres douces
et comme il m’est pénible d’être privé du plus
doux de mes devoirs : celui de veiller sur toi
Enfin espérons que tout notre bonheur n’est
pas perdu et qu’il y a encore des joies qui nous
sont permisent .
Vous me dites que vous allez m’en
voyer un autre colis, une fourme toute

Verso

entière, certe j’ai toujours aimé le fromage mais
jamais autant qu’à présent, c’est pour vous dire
que la dite fourme sera la bienvenue.
Cher oncle : tu ne te lasse pas d’être géné
reux, toujours bon tu t’efforce a nous faire
plaisir. Que puis je faire en retour ? Te
dire que je te remerci, que je t’aime et que
je n’oublirai jamais tout ce que tu as fais
pour moi. C’est maigre, mais je ne puis
mieux et que tu peux être persuadé que je suis
sincère. Que nous soyons réunis le plus tôt
possible et que nous puissions encore vivre de bons
jours. Bien des choses à mon père et à ma
mère ainsi qu’au tonton l’ainé, ma belle-mère
et tous ceux qui nous intéressent : que ma
lettre vous trouve tous en excellente santé et
que tout marche le mieux possible. Bien
le bonjours à tous les amis, sans oublier
M.Chabert, madame Berger.
Qu’il me soit permi de vous revoir tous
le plus tôt possible. Votre
Simon   Collay   qui pense a
vous continuellement. Bien le bonjour
de mes camarades.

 

 

 

 

 

Vous pourriez aimer lire ...

11 avril 1915 : une tache infamante dont le XXe siècle ne parviendra jamais à se laver
21 avril 1915 : ce matin nous sommes allés à l’exercice, ce soir nous y retournons

Vous voudriez me joindre ?

  • Vous avez des documents complémentaires?
  • Vous avez des questions?
  • Vous connaissez la famille de Simon?
  • Prenez contact avec moi !

Laissez votre message Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Ont participé à ce site, par ordre chronologique

- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
- Philippe, enseignant en histoire, s'est engagé à les publier, décrypter, analyser, et à faire les recherches nécessaires à leur compréhension et interprétation
- Aniki, photographe, a fait les photos
- Kristof et JP, ont créé et codé le site.
- Brigitte, retraitée de l'enseignement, joue au webmaster

Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

Liens amis

  • Finderskeepers.fr
  • Correspondance de poilus
  • Chtimiste.com
  • Raconte-moi 14-18

Copyright © 2014 Philippe Maret | Mentions Légales