Recto
![Mes jambes n’ont plus de forces, je suis fatigué](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/7-20-mars-recto.jpg)
De la teinture
d’iode sur la poitrine
. 20 mars 1916
. Ma Jeannot chérie
. Il est 9 heures du matin. Je reviens de la
visite le major ne m’a pas reconnu. Cet
après-midi il faudra que j’aille à l’exercice
il m’a tout de même fait mettre de la teinture
d’iode sur la poitrine. Ca ne va pas plus
mal, je tousse un peu moins, mais mes
jambes n’ont plus de forces, je suis fatigué,
je ne me sens aucun courage.
Aujourd’hui le temps menace de changer
il fait sombre, il se pourrait qu’il
tombe de l’eau. Rien de bien nouveau
par ici. Mon camarade Giraud vient
d’être nommé caporal, il quitte notre escoua-
Si je l’avais voulu c’est moi qui au-
rait été nommé, l’adjudant me l’avait
demandé mais j’ai refusé. Certes j’aurais
été un peu plus tranquil, mais j’ai
toujours eu et j’aurai toujours les galons
en horreur, le métier militaire ne m’a
jamais plût et encore moins à présent
Centre gauche
qu’auparavant. Je ne désire qu’une
chose : la paix le plus tôt possible,
le retour près de ceux que j’aime.
Vivement que je redevienne civil vive-
ment que notre bonheur nous soit rendu.
. Chère petite femme. J’ai reçu hier
soir le colis que tu m’avais expédier
au secteur 135, il est arrivé tout de
même et en bon état. Je te remerci
beaucoup, mais une autre fois ne me
met plus de ces grandes boites de
maquereaux, une fois ouvert on est
obligés d’y manger et ça fait trop
à la fois. Si tu peux avoir des chevretons
qui puisse s’envoyer tu me ferais bien
plaisir, c’est ce qui me fait le plus
envie.
. Je m’arrête pour le moment, les
camarades arrivent de l’exercice
on va manger la soupe. Je continuerai
ma lettre après.
Nous avons mangé. l’ordinaire est ce
qu’il était auparavant. Pas trop fameux.
A midi et demi nous avons revue de
nos appareils protecteurs contre les gazs
à deux heures moins un quart départ
pour l’exercice. Je veux attendre de
revenir de l’exercice avant de finir
ma lettre, peut-être que je pourrais
te lire auparavant.
Au revoir ma Jeannot à tout
à l’heure. Je t’aime et pense a
toi toujours.
![A midi et demi nous avons revue de nos appareils protecteurs contre les gaz](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/7-20-mars-centre.jpg)
Vivement que je redevienne civil
Centre droit
Nous arrivons de l’exercice, il
est 5 heures passés. On nous a fait
trotter à tenant à travers champs
et bois. Ils ne savent pas comment
nous embêter. Un drôle de repos.
Pas possible qu’on nous embête de
la sorte. Quand donc ça finira-
t-il ? Il y en a mare de métier
de chien, de ce bagne.
Je n’ai pas eu de tes nouvelles
aujourd’hui. Pas de lettres de
personne. J’espère que demain
je pourrai te lire.
Je m’arrête car le vaguemestre
est là.
Au revoir ma bien chère
petite femme. Embrasse bien le
Zizou pour moi. Bien des
choses à toute la famille
Je t’embrasse bien fort
sur tes lèvres
Je t’aime Simon Collay
Verso
![Bien des choses à tous les parents.](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/7-20-mars-verso.jpg)
à mes deux gosses
bien-aimées
Un million de bien doux
baisers à mes deux gosses
bien-aimées.
Bien des choses à tous
les parents.
Au revoir
Je vous aime
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