Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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20 juin 1915 : on fait encore demander des armuriers pour la fabrication des munitions

21 juin 2015 Laisser un commentaire

Recto

Comme c’est long ! Comme cette attente est énervante

Il me semble que plusieurs années se sont déjà écoulées depuis notre séparation

( en haut à gauche en biais :                 20 juin 115
Je te
renvoie
5 de tes lettres
n’oubli pas de me                Ma Jeannot aimée
faire savoir quand tu les
auras reçues)

Je viens de recevoir ta lettre du 16 courant, tu
peux croire que je lis tes lettres avec beaucoup de plaisir
car je ne pense qu’a ma chère femme, à notre enfant
et a tous nos parents qui me sont chers. Le temps
me parait énormément long loin de vous. je m’en-
nui, il me semble que plusieurs années se sont déja
écoulées depuis notre séparation, notre Zizou ne commen-
çait qu’à marcher et à présent tu me parle de l’en-
voyer à l’école, je la trouve encore bien jeune et je t’in-
vite à te méfier des accidents qui pourrait lui surve-
nir pendant le trajet de la maison à l’école. Embrasse
la bien fort et souvent pour moi notre chère petite
gosse que tu me dis si gentille et si bien portante
quand donc me sera-t-il permis de vous revoir et
de reprendre ma place auprès de ce que j’ai de
plus cher au monde ? Quand pourrais-je faire
mon possible pour vous rendre heureuses, vous,
qui êtes toute ma vie et ma seule ambition ?
Comme c’est long ! Comme cette attente est
énervante et comme le caractère s’aigrit a
voir cette affreuse situation se poursuivre
sans que l’espoir d’une fin prochaine vienne
nous inviter à la patience et au calme et à l’espé-
rance d’un retour prochain. Les massacres
se poursuivent, on fait encore demander des armur-
riers pour la fabrication des munitions que l’on
trouve toujours insuffisantes ; preuves que
cette guerre maudite n’est pas encore finie
Tous les moyens sont bons à présent. On
tue le plus possible et de n’importe qu’elle

 

 

Verso

La Patience s’use ! les caractères s’aigrissent et deviennent mauvais

Quelle honte pour l’humanité, pour
le XXème siècle

façon. Qu’elle honte pour l’humanité, pour
le XXem siècle qui aurait dût être un siècle de
progrès et qui n’est qu’un siècle de barbarisme
et de mauvais instincts. Que de crimes ! Que de
spéculations crapuleuses ! que de honte et de fange
la paix ! tant désirée par tous ceux qui souffrent
de cette situation, est rejetée par ceux qui pourraient
rendrent cette immense service. On tâche d’où-
blier qu’elle est presque nécessaire. La Patience
s’use ! les caractères s’aigrissent et deviennent
mauvais. Enfin ! Attendons et que la chance
soit toujours avec nous ; que j’ai le bonheur de re-
voir tous ceux que j’aime.
Au revoir ma Jeannot chérie : ton Simon
qui t’adore et qui est à toi pour toujours t’embrasse
bien tendrement. Souviens-toi de nos heureux
jours et qu’il nous soit permis de les revivre.
Je t’aime !… de tout mon être et de toutes mes
forces. Je vis pour toi et pour notre Zizou
Au revoir le plus tôt possible.
Bien des choses à l’oncle, à mes parents,
au tonton de la Craze, à ta mère. Je les
embrasse affectueusement. Bien le bonjour
à madame Berger et à tous les amis et
voisins, sans oublier monsieur Chabert
et sa famille à qui je souhaite bonne san
té et bonne chance.
J’ai reçu une carte de mon cousin Clair
qui se porte toujours bien et fait toujours
l’ordonnance. Il ne se plaint pas trop fort
mais comme moi il est impatient de voir
la fin.
Le mandat de 50 f m’est parvenu et j’ai touché
l’argent. Je n’ai pas encore de nouvelle de votre
colis
Merçi… ! Votre Simon   Collay

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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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