Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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1er Novembre 1917 : Voilà 39 mois que nous vivons séparés, 39 mois de souffrances morales et physiques.

19 novembre 2017 Laisser un commentaire

Recto

. Tu te plains de ton travail ça ne marche pas.

Tu es allée à St Etienne.

.                  1er Novembre 1917
.               4 heures du soir
( en haut à gauche : Je te/ renvoie 3/
De tes cartes / et une de tes/ lettres )
.      Chère petite femme
J’ais reçu hier soir ta lettre du 27
ecoulé et la carte que tu m’as envoyé
de St Etienne. Dans ta lettre tu me
dis que la poitrine me fait mal mais
ce ne devait pas être grand-chose puis-
que ça n’a pas retardé ton voyage pour
St Etienne. Tu te plains de ton travail
ça ne marche pas et tu serais contente
que Berger te fasse appeler, moi aussi
car je ne suis pas bêtement jaloux, ni
je ne doute pas de toi mais je préférerais
qu’il n’y ai personne pour rôder au-
tour de tes jupons. Il y a une chose
qui m’étonne, tu es allée à St Etienne
cela n’a rien d’extraordinaire, mais
pourquoi y être allée avec cette Claudia
puisque toi-même tu m’as dis qu’elle
n’était pas sérieuse. Comprend que cela
ne peut guère me faire plaisir, je ne veux
pas te dire de la rembaler, ni je ne veux

 

 

Centre gauche

Je n’ai pas d’autre femme que la mienne que j’adore.

Tu peux être tranquille.

pas t’empêcher de lui causer mais je
serais content que tu n’aies pas trop
d’intimité avec cette jeune fille et ça
ne me fait pas plaisir de te voir faire
les voyages avec elle. Toi-même tu
m’as dis que sa conduite n’était pas
irréprochable, dans ce cas tu dois com-
prendre que ce ne peut-être une amie
pour toi. Ne te fache pas de ce que
je te dis, réfléchis et tu me diras si tu
pense que j’ais tort ou si j’ais raison
Pour ce qui est du rêve que tu as fait
dans lequel j’avais une maitresse blon-
de que je t’imposais. Tu peux être
tranquille, je n’ais pas d’autre femme
que la mienne que j’adore, je n’en
cherche pas d’autre ; du reste en ce mo-
ment j’ais autre chose à penser. Tu
me dis que tu n’étais pas jalouse, que
tu fermais les yeux. Et bien … Tu sais
je ne m’y fierais pas. Je n’ais jamais
eu l’intention de te tromper, mais
je l’aurais eu que je n’aurais certaine-
ment pas essayé de t’imposer la présen-
ce de ma maitresse. Tu n’es pas une
petite femme à supporter pareille chose
Je te connais peut-être plus que tu ne te
connais toi-même ; tu ne partagerais
pas si facilement que ça.
.   Ma Nonot chérie. Pas grand-
chose à t’apprendre depuis hier ; nous
sommes toujours dans le même coin
Cette nuit et aujourd’hui jusqu’a
présent, les bôches nous ont foutu
la Paix. Est-ce que ça durera ? Il
le faudrait bien, nous avons assez
de mal comme cela. Aujourd’hui

 

 

Centre droit

J’aime mieux rester assis et que les bôches nous laissent tranquilles.

On ne peut sortir de nos trous le jour.

il fait beau temps. Le soleil se fait voir
malheureusement nous ne pouvons
guère en profiter car on ne peut sortir
de nos trous le jour, nous sommes vu des
bôches et il y a de nombreux avions au
dessus des lignes. Il nous faut rester assis
toute la journée, les fesses et les reins
m’en font mal. Ça ce n’est rien, j’aime
mieux rester assis et que les bôches nous
laissent tranquils. Vivement qu’on nous
sorte de par ici, malheureusement je
crois que nous avons quelques jours à y rester
Quelle existence ! Elle ne finira jamais
cette maudite guerre ; ce qui ce passe
en Italie n’est pas fait pour hâter la
Paix. Que de patience il nous faut.
Bien chère petite fenotte. Notre Zizou
se porte toujours bien et elle veut une
poupée, tu dois lui l’avoir acheter a
St Etienne elle devait-être contente ; mal-
heureusement la poupée sera vite désar-
ticulée, elle aura tôt fait de lui casser la
tête, les bras ou les jambes… Elle parle
toujours de son père, elle ne m’a pas
oublier et elle t’a disputé parce que
tu m’as laissé partir. Hélas ! Nous ne
désirons pas être séparés. Malheureu-
sement  que nos désirs ne peuvent êtres
exaucés sans quoi je ne tarderais pas
d’être près de mes deux gosses chéries loin
desquelles la vie m’est insupportable.
Vivement… bien vivement l’heureux jour
de la Paix et que la chance ne nous
abandonne pas jusque là. Nous se-
rions si heureux tous les trois avec notre
petite Zizi. Quel bonheur serait le notre
comme je saurais bien vous aimer
toutes deux. Mais voilà ! il faut atten-
dre toujours attendre et toujours vai

 

 

Verso

39 mois de souffrances morales et physiques.

Voilà 39 mois que nous vivons séparés.

nement. Bienheureux encore si notre
attente est récompensée. Espérons-le
que de fois nous nous le sommes répétés
ce mot-là. Voilà 39 mois que nous vivons
séparés, 39 mois de souffrances morales et
physiques. Ce serait bien temps que ça
finisse.
.   Au revoir Mamour à demain.
J’attend avec impatience de te relire
pour savoir comment ton voyage se se-
ra passé. Surtout ne te fache pas pour
ce que je t’ais dis au sujet de ta ca-
marade d’atelier, qu’elle soit cela
mais pas ton amie. Embrasse bien
fort notre gamine pour moi. Donne
bien le bonjour à ta mère, j’espère
qu’elle se porte bien de même que
toute la famille. Bien des choses
à chez moi si tu les vois. Je n’ais
toujours pas de nouvelles du Georges
je suis inquiet il me tarde de le
lire pour savoir comment il s’en
sera tiré. Bien ! je le souhaite et
l’espère.
.   Ton petit Simon entièrement
à sa Jeannot des bois qu’il aime
plus que tout au monde avec sa
petite gamine de Zizou. je t’em-
brasse bien tendrement des mil-
lions de fois partout ! comme
pendant les nuits de la perm si
vite passée. J’étais bien près de
toi. Je suis bien mal à présent
et les jours sont affreusement
longs. Ton petit homme qui ne
cesse de penser à toi et t’envoi
ses plus douces caresses. Je t’ai-
me ! J’attend ! N’oubli pas.

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31 octobre 1917 : Il ne s’en est guère fallu que nous soyons prisonniers.
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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