Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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1er novembre 1916 : Les mois s’écoulent et c’est toujours la même chose

8 novembre 2016 Laisser un commentaire

Recto

Aujourd’hui c’est la Toussaint.

Est-ce que l’usine est chauffée à présent ?

.             1er novembre 1916
( en haut à gauche : signature)
( en haut à droite : Je t’adore/J’attend/
N’oublie pas )
.           Ma Jeannot chérie
J’ais reçu hier soir ta lettre du 27 écoulé
et je suis content de vous savoir tous en
bonne santé. J’espère que cet état se
maintiendra pour toute la famille.
.    Tu me dis qu’il fait bien froid pour
aller travailler. Ce doit être bien
embêtant pour toi car tu as une
bonne trotte à t’appuyer tous les jours
Ca te fait au moins douze kilomètres
dans les jambes à part ton travail ;
ce doit-être dure pour une femme.
Est-ce que l’usine est chauffée à présent ?
Votre patron c’est-il décidé. Dis-le moi.
.     Rien de changé pour moi depuis
hier. Je me porte toujours assez bien.
.     Hier il a fait un temps potable une
partie de la journée, puis vers le soir il
à tombé de l’eau.
.    Aujourd’hui c’est la Toussaint.
Il fait un temps sombre. Ce matin ça
n’a pas plu, mais ce soir ça recommence
à tomber. Quel vilain temps tout de
même.
.    Hier sor soir avec Perroton et Phi-
libert nous sommes allés chercher du
linge que nous avions donné à laver

 

 

Verso

ce n’est pas la peine de payer pour être obligé de refaire le travail.

Une autre fois je laverai
mon fourbi moi-même

à une femme. Ce n’est pas cher : 7 sous
la chemise, 6 le tricot. En arrivant au
cantonnement nous avons regardé notre
linge, il était lavé à moitié et plein
de poux encore vivants. Ce matin nous
avons été obligés de faire bouillir de l’eau
pour tuer les poux, puis j’ai rincé mon
linge à nouveau. Une autre fois je laverai
mon fourbis moi-même ; ce n’est pas la
peine de payer pour être obligé de refaire
le travail.
.    Notre Zizou, me dis-tu, est toujours
bien diable, sa petite langue doit aller
bon train et elle doit être de plus en plus
dégourdie. Le temps me dure bien de
vous revoir toutes deux ; la vie n’est pas
belle loin de vous. On serait si heureux
si cette maudite guerre voulait prendre
fin, si notre vie commune nous était
rendue. On répète toujours la même
chose. Je ne pense qu’à cela ; au retour
près de mes deux gosses chéries. Je m’en-
nui loin de vous. C’est une véritable vie
de brûte qui nous est faite, quand prendra
t-elle fin ? Ce que c’est long et dure.
Quand serons nous Enfin ! réunis et pour
toujours ? Les mois s’écoulent et c’est
toujours la même chose. Il n’est pas plus
question de la Paix que si ça ne devait
plus exister. Il y en a mare pourtant
Aujourd’hui j’ais touché une chemise et
un caleçon neuf. Une cache-nez qui n’a rien

 

Dos de la carte

Aujourd’hui j’ai touché une chemise et un caleçon neuf. Un cache-nez qui n’a rien d'épatant

On va nous donner aussi des espèces de chandails

d’épatant. Des espèces de mittes en drap et
une paire de chaussettes je ne sais trop en quelle
matière, ça n’a pas de forme, une fois lavé ça
ne vaut plus rien, ça débarrase tout de même
On va nous donner aussi des espèces de chan-
dails, mais ça n’est pas fameux non plus.
.    Maitre Louis doit être reparti mainte-
nant. Les jours passés à Montbrison ne lui
auront sans doute pas parus longs. Il au-
ra certainement un peu plus de souci
maintenant, il va se faire tout à fait
sérieux.
.    J’ais dis à Perroton que tu avais aperçu
son sourire. Il t’en envoi un autre avec
toute la grâce qui le caractérise. Philibert
lui t’envoi bien le bonjour. Nos habi-
tons tous les trois ensemble, nous ne nous
quittons pas. Gaurand, lui, est au poste
de secours car il est infirmier.
.   Je ne vois pas autre chose à te dire pour
aujourd’hui. En ce moment il tombe de
l’eau à tenant ; notre linge n’est pas en-
core sec.
Au revoir ma Jeannot des bois. Ton
Simon qui t’adore t’envoi des mil-
lions de bien douces bisettes et de
tendres caresses. Comme autrefois ! alors
que nous étions si heureux..souviens-toi !
Bien le bonjour à ta mère et a ta
grand-mère. Embrasse bien notre Zizou
pour son papa. Bien des choses a
chez moi. bonne santé à tous. Je
vous embrasse bien fort en attendant
impatiemment de vous revoir. Ton petit
mari tout à sa petite femme chérie.

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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