Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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1er avril 1918 : il nous faut vivre séparés et dans l’angoisse et l’incertitude de l’avenir.

6 avril 2018 Laisser un commentaire

Recto

Les épreuves sont dures et même cruelles.

Elle n’a pas oublié son papa.

.                                 1er Avril 1918

.               Ma Nonot chérie

J’ais lu, hier soir, avec plaisir ta lettre
du 27 écoulé. Tu me dis que la santé est
assez bonne ; j’espère que tu te porte assez
bien quoique tu sois enrhumée et que
tu ais le nez bouché, ce qui, dis-tu, t’obli-
ge à faire comme les carpes. Notre Zizou
a toujours grande langue, elle ne cesse de
répliquer, elle est toujours diable mais elle
se porte bien.Elle n’a pas oublié son papa
et elle chante toujours la chanson : de la
canne et des gants.
.        Petite fenotte. Tu as l’air ennuyée
de te voir une charge nouvelle. Certe cela
donne à réfléchir, surtout à la maudite
époque actuelle. Mais qui faire ? …
Rien ! … Se faire du mauvais sang
n’avance à rien. Les épreuves sont
dures et même cruelles, mais ils faut
les supporter avec sang-froid et en espé-
rant que la chance ne nous aban-
donnera pas et que nous serons tous
deux pour élever nos enfants. Encore
un peu de courage ! … Certe ça n’est
pas le rêve de s’aimer de loin . Espérons
que nous pourrons nous aimer encore
de bien près. Nos caresses nous parait-

 

 

Centre gauche
rons que meilleures après avoir étés
séparés depuis si longtemps. Crois-
moi : la vie m’est bien dure loin de
toi ; parfois je souffre même cruelle-
ment en comparant ce qui est notre
vie avec ce qu’elle pourrait être. Que
de tristes réflexions en comparant
notre passé et le présent. Nous avons
étés bien heureux, nous nous sommes
bien aimés ; nous nous aimons plus
que jamais depuis 4 ans il nous
faut vivre séparés et dans l’angoise
et l’incertitude de l’avenir. Pourtant
je résiste ; si parfois je me sens aller
au découragement je réagis car je
comprends que ça n’avancerait rien
de me faire du mauvais sang. Je pense
à toi, à notre Zizou et aussi au dernier
fruit de notre amour si grand et si
sincère et je m’efforce d’être fort et de
faire face à l’adversité. Fais-en
de même ma Nonot. Ta situation
n’a rien de drôle, je le comprends et
ne crois pas que je n’y songe pas, j’y
songe même souvent puisque que je
pense constamment à toi. Je t’adore
Mamie chérie … de toutes mes forces
de toute mon âme … Je t’adore et te
respect comme on doit respecter
celle que l’on a choisi pour compagne
dans la vie. Tu es ma femme et je
t’aime ! Et j’attends impatiemment

 

Nous nous aimons plus que jamais depuis 4 ans.

Que de tristes réflexions.

 

Centre droit
l’heureux jour qui nous permettra
de reprendre notre vie commune.
Quel bonheur sera alors le notre …
penses-y et que cela t’aide a
supporter les mauvais jours qui
peut-être touchent à leur fin.
Tâchons d’avoir encore confiance
.        Pour moi rien de nouveau
depuis hier … Je me porte toujours
bien. Nous sommes encore au
même endroit qu’hier mais nous
devons déménager ce soir ; nous ne
savons pas bien où nous allons
.    Je ne sais pas si nous sommes
pour encore longtemps dans le
secteur, mais je crois bien que
non et qu’il faudra aller
dans des endroits plus mauvais.
Nous ne savons rien … attendons !
.        Hier soir ça a retombé de
l’eau et aujourd’hui ça ne veut
pas tarder d’en faire autant.
Vilain pour nous … qui serait
bon à Montbrison.
.            Au revoir ma Jeannot
des bois. Ton Simon ne t’oubli
pas une seule minute cons–
ta constamment sa pensée est
vers ses deux gosses chéries près
desquelles il lui tarde d’être de
retour. embrasse bien notre

 

 

Vivement que j’aie la grande joie de vous revoir tous.

Je suis tout à toi et pour
toujours.

Verso
Zizi pour moi et donne bien le bon-
jour à ta mère, à ta grand-mère,
à chez moi, à toute la famille.
Vivement que j’ais la grande joie
de vous revoir tous.
.        Ton petit mari qui t’aime
bien … bien et qui t’envoi de
bien douces caresses en évoquant
nos beaux jours d’autrefois. Sou-
viens-toi ma Nonot à moi, ma
bien-aimée petite femme. Tu es
toute ma vie, tout mon espoir ;
j’ais confiance en toi et j’espère que
notre bonheur nous sera rendu.
.            Je t’embrasse bien tendre-
ment, des millions de fois partout
ta chère figure, tes yeux, ta bouche,
ton cou, partout. Souviens-toi
et attends-moi.
.        Je suis tout à toi et pour
toujours. Ne l’oubli jamais.
.      Simon     Collay
Je te renvoi deux de tes lettres.
.    Fais-moi savoir quand tu les
.                      auras reçues.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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