. 4 Avril 1918
( en haut à gauche : signature)
. Ma Jeannot chérie
. J’ais reçu hier ta lettre du 30 écoulé. J’attendais de te lire avec
impatience. Tu me dis que tu es toujours enrhumée. J’espère que ça ne
sera rien et te passera vite. Notre Zizou se porte toujour bien mais elle
vous fait toujours quelques sottises, aussi la grand’mère Génie commen-
ce à comprendre qu’il est nécessaire de la corriger un peu. mais Zizou
veut se plaindre à moi quand je viendrai, moi je lui faisait de jolies
affaires tandis que vous que des coups de trique, elle ne se rappelle plus
que je l’ais corrigée un petit peu moi aussi.
. Petite femme chérie tu me dis que le travail marche tou-
jours assez bien. Tant mieux ! Espérons que ça se maintiendra.
. Pour moi rien de nouveau depuis hier. Je me porte toujours
bien et nous sommes toujours au même endroit. Ce matin je suis
allé aux douches avec la compagnie, il y a une bonne trotte. Ça
a tombé quelques gouttes d’eau, le temps est sombre, sûrement
que la pluie n’est pas loin .
. Gaurand est avec nous, il se porte bien et t’envoi bien le
bonjour . Figure-toi que tout à l’heure en mangeant la soupe, nous
avons causé de la conduite des femmes, en général, pendant cette
guerre. Gaurand disait qu’à part quelques exceptions les femmes ne
s’étaient pas conduites comme elles devaient le faire. Que beau-
coup de femmes mariées, qui même étaient sérieuses avant la
guerre, ont trompé leur mari. Elles n’ont aucune excuse, dit-il,
et elles mériteraient d’êtres fusillées car sachant ce que nous
souffrons elles devraient avoir plus de force morale, plus de pudeur
Je suis de son avis, et toi ? … Qu’en pense-tu- ? … Je t’aime bien
ma Nonot … mais si je savais que tu m’ais trompé notre vie commu-
ne serait finie. Je serais bien malheureux, ma vie serait brisée, je
t’aime tant ma Nonot des bois. J’ais confiance en toi, mais on
voit tellement de choses surprenantes que parfois j’ais peur,
peur de te perdre. J’aimerais mieux être tué à la guerre que de
revenir pour t’apprendre coupable. Sois toujours toute à moi ma
Jeannot. J’ais confiance en toi ne me trompe pas nous serions trop
malheureux l’un et l’autre.
. Au revoir Mamour. Ton petit mari qui t’adore de
toutes ses forces t’envoi ses plus douces caresses et t’embrasse des millions
de fois bien fort, comme pendant la perme déjà si loin. Ah ! Vivement
que nous soyons réunis pour toujours. Mille bisettes à notre gamine
pour sont papa qui pense à vous constamment. Bien le bonjour pour
moi à ta mère et à toute la famille. ton Simon qui t’aime bien bien
et qui t’aime de tout son être. Pourrais-je te lire ce soir. J’attends !
Laissez votre message