Recto
. le 31 Mars 1918
. Ma bien chère petite femme
. J’ais reçu hier soir ta lettre du 26 courant.
. Seulement tu ne me dis pas si tu vas mieux où
. mal. J’espère que ce soir tu me diras que tu
. est complètement remise. Notre Zizou a étée fa-
tiguée elle aussi mais, elle toussais et la nuit elle
avait chaud ; c’est pourquoi tu ne l’as pas encore
mener au pharmacien, tu étais inquiète car il y a
beaucoup d’épidémies. Tu me dis qu’elle a toujours
bon appétit, cela me rassure et me laisse croire qu’elle
n’est que légèrement fatiguée. Quand tu l’auras
menée au pharmacien tu me diras le résultat.
. Tu me dis que vous vous attendez à avoir la
carte de pain sous peu ; à Montbrison ils auraient
la carte d’alimentation ; tout sera donc ration-
né. Quelle vie ! … c’est tout de même pas rigolo
et je me demande moi aussi où nous en arriverons
si cette maudite guerre ne fini pas bientôt.
. Rien de changé pour moi depuis hier.
Nous sommes toujours au même endroit, mais
sans doute que nous ne tarderons pas à déménager
je me porte toujours aussi bien. Hier soir ça s’est
mis à tomber de l’eau à tenant, bien vilain
temps et je plains les pauvres qui sont où ça
se cogne, ils ne doivent pas avoir chaud pour
rester continuellement dehors quelque temps
qu’il fasse. Aujourd’hui il n’a pas encore tombé
Verso
d’eau mais le temps est toujours sombre, il ne tar-
dera certainement pas de repleuvoir.
. Hier j’ais reçu une lettre du Georges qui se
porte toujours bien et qui me dit qu’il ne s’en
fait pas. Il est très tranquil où il est pour le mo-
ment, il mange bien et souhaite que ça continue
en attendant la Paix. Il espère aller en perm
dans 15 jours, 3 semaines au plus tard.
. Il termine en me chargeant de bien t’envoyer
le bonjour et une grosse bise à Zizou.
. Chère petite fenotte. J’espère que ma lettre
te trouvera en bonne santé ainsi que notre gamine
que tu embrasseras bien fort pour son papa
tu peux croire que le temps me parait bien
long loin de vous, surtout en ce moment. La
situation est sérieuse et sous peu je m’attends a
subir à nouveau de dures épreuves, si seulement
c’était la fin. Hélas ! j’ais bien peur que non.
Enfin ! … Espérons tout de même. Peut-être le
résultat final est-il proche. Oh ! vivement …
Bien vivement la Paix !
. Au revoir ma Nonot. Donne bien le
bonjour pour moi à ta mère, à toute la fa-
mille. Bonne santé et bonne chance à tous
et vivement la fin de cette cruelle séparation
et le retour à notre vie commune et heureuse.
J’attends avec beaucoup … beaucoup d’impa-
tience . Pas un instant je ne cesse de penser a
mes deux gosses que j’aime plus que tout.
. Je t’adore Mamie des bois. Souviens-toi et
n’oubli pas. Je t’envoi mes plus douces caresses
et t’embrasse bien fort, passionnément des
millions de fois, comme pendant la perme
déjà bien loin. Je suis si bien près de toi, je
ne cesse d’y penser, aussi le présent est bien amer.
. J’attends ce soir en espérant te relire et avoir
de bonnes nouvelles. Quand serons-nous réunis
à nouveau et pour toujours ; que c’est long ! …
. A demain ma Jeannot. Ton Simon qui
t’aime, comme on n’aime qu’une fois et pour
toujours. Mes plus douces caresses et bisettes
. Ton petit mari tout à toi. Simon
Je te renvoi trois de tes lettres Collay
Fais savoir quand tu les auras
. reçu
Laissez votre message