Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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19 novembre 1916 : Je n’aurais jamais cru que l’humanité devienne si abjecte.

19 novembre 2016 Laisser un commentaire

Recto

Il ne fait pas bon rester immobile. La nuit je n’ai pas trop froid

J’ai les pieds gelés

.                      Dimanche 19 novembre 1916
( en haut à gauche : signature
en haut à droite : Bonjour/des Mont/
brisonnais)
.                   Ma Jeannot chérie
Je viens de recevoir à l’instant ta carte-lettre
du 16 courant. Je suis content de savoir que tu
es complètement remise et que tu vas tout a
fait bien. A la fin de ta carte tu me dis que ton
poignet va mieux. Je ne savais pas que tu
avais  un poignet qui te faisait mal. Tu ne
m’en a pas parler. Dans ta prochaine lettre expli-
que moi ce que tu as eu. Est-ce l’accident de
l’usine, quand ta robe s’est prise dans l’en-
grenage ? Notre Zizou se porte bien elle
aussi. Elle prend toujours des pastilles ca-
nard mais tu me dis que l’effet n’est pas bril-
lant. Il faut patienter encore un peu et conti-
nuer le traitement. Ca finira peut-être bien
par lui passer.
.    Tu me dis que vous avez un froid de loup
Le temps a montbrison doit être à peu
près comme ici. Aujourd’hui nous n’avons
pas encore eu de pluie, il fait sombre et il
souffle une bise pas chaude du tout. J’ais
les pieds gelés, il ne fait pas bon rester
immobile. La nuit je n’ais pas trop froid
car tant que nous serons par ici on peut
bien se débrouiller pour se couvrir. Certe
je serais bien mieux près de toi, sous l’édre-
dron. Mais nous avons beau le désirer, ça ne

 

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Vivement que soient finis tous ces massacres indignes de gens civilisés.

Que d’épreuves ! Que de durs sacrifices !

vient pas vite. Cette maudite guerre n’est pas
encore prête à finir. Bien malheureusement.
tu as lu que en Allemagne ils allaient mobiliser
les civils des deux sexes. Il faut s’attendre à tout
après que ce se sera fait en Allemagne ça se fera
bien en France. Que d’épreuves ! Que de dures
sacrifices ! Oh la fin ! La fin de tout ça vivement
que soient fini tous ces massacres indignent de
gens civilisés. C’est ignoble ! Dégoûtant ! Je n’au-
rais jamais crû que l’humanité devienne si
abjecte. Je n’aurais jamais crû que les peuples
soient tous aussi lâches ! Tout ce que nous
pouvons dire et faire pour le moment ne changera
rien à tout cela. Taisons-nous et attendons avec
le plus de patience possible. C’est dure – bien dure !
soyons forts et que la chance ne nous abandonne
pas, qu’à la fin de tant de misères nous soyons
réunis et tu verras, ma Jeannot des bois, que
nous serons encore bienheureux avec notre chère
gamine. Quel bonheur que d’êtres tous les deux pour
goûter à ses petites caresses et faire son éducation.
Comme je saurais bien vous aimer toutes deux !
Quand je pense à cela tu peux croire ce que res-
sens. La paix ne semble pas proche mais mal-
gré tout je ne puis m’empêcher d’attendre des
événements qui change la face des choses.
Pas un instant je ne cesse de penser à mes deux
gosses chéries. Je vous aime tant toutes deux. Je
redis toujours pareil mais je pense toujours de mê-
Par ici rien ne m’intéresse. Tout me degoûte.
La vie loin de vous est bien laide et je passe mon
temps à attendre des jours plus heureux, à désirer
vos caresses qui me manquent. Attendre !… attendre
attendre vainement, ça finit par être insupportable

Page 3

Sa gosse et la notre poussent à merveille.

Pour Joanny le travail va toujours cahin-caha.

aujourd’hui j’ais reçu une lettre de Joanny. Il me donne de
bonnes nouvelles de toute la famille me dit que le travail va
toujours cahin-caha. Que sa gosse et la notre poussent a
merveille. Il me donne aussi des nouvelles de Claudius Morel
dont les blessures sont en bonne voie de guérison..
Au revoir mamour. Embrasse bien fort notre petite po-
lissonne de Zizou pour son papa. Bien des choses et bien le
bonjour à ta mère, à ta grand-mère qui je l’espère va de
mieux en mieux, à toute la famille. Bonne santé et bonne
chance à tous.
.    Ton petit homme qui t’adore de toutes ses forces et qui
attend impatiemment la fin de cette guerre maudite, le
retour de nos jours heureux. Je ne puis être heureux que
près de toi, près de notre gamine. Vous êtes toute ma vie. Je
vous aime par-dessus tout au monde.
.    Mille millions de bien douces bisettes à ma petite femme
.    chérie. Souviens-toi  ma Jeannot des bois. Je t’adore et
.    j’attends ! Je t’embrasse bien fort sur ta bouche, tes yeux
.    partout. Je suis tout à toi – Mamour. Ton Simon tout à toi
.                                                 entièrement et pour toujours

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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