Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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19 mars 1916 : quelle différence avec l’enfer d’où nous sortons.

19 mars 2016 Laisser un commentaire

 

On m’a fait des ventouses dans le dos

Quelle différence avec l’enfer d’où nous sortons.

 

19 mars 1916

(en haut à gauche :
Simon   Collay )

           ( en haut à droite:
Mille
millions
de bisettes a
mes deux
gosses chéries
que j’adore
de toute
mon âme)

             Ma Jeannot chérie

C’est aujourd’hui dimanche. Il fait un temps
superbe. Ce matin je suis allé à la visite et on m’a fait
des ventouses dans le dos, peut-être que ça me soulagera
un peu et calmera ma toux ; demain je veux y retourner
et si possible me faire faire d’autres ventouses sur la poi-
trine. Ce matin on nous a donné du cirage et il nous
a fallu astiquer nos sacs et nos équipements. Cet après
midi on nous fiche la paix et je t’écris assis dans l’herbe
d’un pré où nous sommes venus nous promener nous avons
apporté un canon à boire et nous remplissons nos yeux du
calme qui régne par ici. Quelle différence avec l’enfer d’où
nous sortons. Les oiseaux chantent les cloches aussi. Il fait
bon par ici il ferait bien meilleur près de toi ma bien
chère petite femme, près de notre petite Zizou. Je pense à vous
toujours. Je vous aime bien mes deux gosses ; je vis de
votre souvenir et de l’espoir de pouvoir reprendre ma place
près de vous et de faire mon possible pour vous rendrent
heureuses et faire notre bonheur commun. Je t’adore
ma mie des bois et de bien doux souvenirs me reviennent
à l’esprit. Je me souviens de nos promenades si gentilles où
nous étions si heureux de nous savoir bien que tous les deux
de nos petits coins où nous avons échangés de bien douces caresses,
de bien tendres baisers. Comme nous étions heureux alors ! Hélas
comme cela est déjà loin. Pourquoi pourquoi sommes nous
si éloignés l’un de l’autre alors que notre désir serait de ne pas
nous quitter jamais ? Pourquoi les guerre maudite et infâme
ne veut-elle point prendre fin ? Quand viendra-t-il cet
heureux jour qui verra luire la Paix, cette paix que
tout le monde attend. Si je suis encore debout ce jour-la
quel bonheur sera le notre, comme nous serons contents
de nous retrouver. Espérons ! Attendons. Nous nous le som-
mes dis déjà bien des fois et hélas nous n’avons peut-être
pas fini de nous le redire. Nous ne savons rien et ne pouvons
rien prévoir. Patience : essayons d’en avoir le plus possible.
Au revoir ma chère petite femme, si je suis loin de toi je ne
t’oublie pas pour cela. Je vis pour toi, pour notre gosse, pour
notre bonheur future si toutefois les évènements le permet-
tent. Je t’adore, je ne me lasserai jamais de te le redire. Ton
petit homme t’embrasse bien tendrement sur tes lèvres. Souviens
toi. Bien le bonjour à grand-mère Génie et Belette ainsi qu’a
mes chers parents et frères. Bonne santé à toute la famille.
Embrassez tous bien fort Zizou pour son papa qui languit
loin de vous. En attendant de te lire à nouveau. En atten-
dant la paix. Tout à toi pour toujours. Je t’aime. !

 

 

Annexe à l’intérieur

Ca  peut finir aussi bien en juin que plus tôt  ou plus tard.

Personne ne peut savoir, ni prédire

Ma Jeannot. Je viens de recevoir ta lettre
du 15 courant. Je suis très content d’apprendre
de bonnes nouvelles de tous ceux que j’aime
Espérons qu’il en sera ainsi jusqu’au
bout. Pour ce qui est de la fin de la guerre
personne ne peut savoir, ni prédire. Ca
peut finir aussi bien en juin que plus tôt
ou plus tard. Peut-être que le colis que
tu m’as envoyé au secteur 135 finira par
me trouver. Au revoir ma
Jeannot. Ton Simon qui
t’aime :    Collay

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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
- Philippe, enseignant en histoire, s'est engagé à les publier, décrypter, analyser, et à faire les recherches nécessaires à leur compréhension et interprétation
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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