. 17 mai 1916
. Ma Jeannot chérie
. J’ai reçu hier soir ta lettre du 12 courant et aujour
d’hui celle du 13. Décidément nous n’avons pas toutes les
chances, tu retournes prendre mal aux pieds, ton travail
ne marche pas, tout ça c’est bien embêtant. Je ne t’ai pas
écris hier je n’en avais guère le courage, le vaccin m’a
rendu malade comme un chien, avant-hier et hier je n’ai
presque pas manger, hier dans toute ma journée j’ai man-
gé deux œufs que j’ai payé 4 sous pièces. A minuit il a fal-
lu se mettre en route pour les avants-postes, j’étais exemp-
té de sac et j’ai pourtant beaucoup souffert pour arri-
ver, j’étais complètement fourbu, les reins, les jambes
tout me faisait mal et aujourd’hui ça va un peu
mieux mais l’appétit manque, j’ai le bras gauche
enflé. Heureusement que nous avons le soleil qui
nous est revenu. Nous sommes dans un endroit où
nous n’avions jamais mis les pieds, ce qui fait
que nous ne connaissons encore pas le secteur.
Pour aller aux cuisines il faut trois quarts d’heure
à travers les boyaux, une heure et demie de mar-
che, allé retour, pour ceux qui nous portent la
soupe.
. 18 Mai 5heures du matin
Je n’ai pas fini ma lettre hier car le vaguemestre était
parti. Hier soir les bôches ont essayer d’attaquer a notre
gauche, l’artillerie tapait dure, tout près de nous. La nuit
s’est passée assez tranquillement pour nous ; je suis fatigué
car je n’ai pas dormi, j’ai mal à la tête. J’attend de
pouvoir aller me coucher pour dormir et me reposer.
mon bras gauche est toujours enflé et me gêne toujours
à 4 heures et demie les bôches commençaient de bom-
barder à notre droite ça vient de se calmer. Ont-ils l’en-
vie d’attaquer à nouveau par ici ? Possible. Il fera beau
encore aujourd’hui. le soleil brille déjà et les oiseaux qui
eux, ne sont pas en guerre chante à tue tête. Ne m’en
veux pas petite femme si je t’écris si brièvement. Je tâche-
rai de t’écrire plus longuement ce soir ou demain matin.
Ce mal de tête me passera bien et j’espère qu’aujourd’hui
j’aurai un peu plus d’appétit . Tu as eu bien raison de
ne pas m’envoyer un autre colis si tôt. Embrasse bien
notre Zizou pour son papa qui vous chérie toutes deux
et qui voudrait bien être près de vous. Bien des choses
a toute la famille. Bonne santé à tous. Ton petit
homme qui t’adore de toute son âme. Je t’aime et
j’attend ! Au revoir ! Mille bises sur tes lèvres, comme
autrefois : souviens toi, ton Simon Collay
Laissez votre message