. 16 avril 1917
( en haut à gauche : Ton/ Simon qui/
t’adore de toutes/ses forces et t’embrasse/
tendrement sur/ ta bouche Souviens toi)
(à droite : signature)
. Ma Jeannot chérie
. J’ais reçu hier soir ta carte du 10 et ta lettre du 11. Je
suis content de vous savoir en bonne santé. J’ais aussi reçu
ton coli qui contenait trois boites de conserves et un mor-
ceau de fromage bleu. Je te remerci bien ; tout était en
bon état.
. Comme je te l’ais écris hier nous sommes de nouveau
en ligne. Nous sommes parti hier soir à cinq heures
et sommes arrivés vers les onze heures du soir. Je n’en
pouvais plus et aujourd’hui j’ais les reins qui me font
mal. Je suis fatigué car nous n’avons rien dormi.
. Nous sommes logés sur les pentes d’un chemin creux
dans un trou creusé à la pelle et recouvert avec une
toile de tente Ca n’a rien de l’abri blindé. Les avants-
postes sont plus en avant. Je ne les ais pas encore vu
et l’on ne doit pas pouvoir y aller en plein jour car
il n’y a pas de boyau de liaison, je ne le crois pas.
. Hier pour faire la route nous avons eu continuelle-
ment la pluie et sommes arrivés tout trempés. Ce
matin il ne faisait pas chaud, puis il a fait un
peu de soleil et ça nous a séché à peu près nos affaires
Ah ! vivement que tout ce commerce prenne fin. Quelle
vie ! J’ais reçu hier une lettre du Louis qui me dit
être en permission et qui me donne de bonnes nouvelles
de toute la famille. J’en ais aussi reçu une du Georges
qui me dit qu’il est en Hte Alsace où on leur fait faire
des tranchées, il travaille beaucoup. Il pense retourner
à Belfort et de là partir pour une autre destination. Il
n’aurait pas reçu de nouvelles depuis quelques jours et
il souhaite que vous soyez tous en bonne santé et il
ajoute : sans oublier ta femme et ta gentille Zizou
. Au revoir petite femme chérie. Je ne t’écris
pas plus longuement pour aujourd’hui car je suis
trop fatigué. Je vais essayer de m’étendre dans mon trou
et de reposer un peu. ce n’est guère facile avec l’artille-
rie qui fait du bruit. Embrasse bien notre gamine
pour son papa qui vous aime bien toutes deux
et ne cesse de penser à vous un seul instant. Vive-
ment la fin de ce terrible cauchemard. Vivement la
Paix que notre vie commence, notre bonheur nous soit
rendu, je ne cesse d’attendre.. ce que c’est long… que
d’épreuves.
. A demain Mamie chérie. Bien le bonjour à ta
mère et à ta grand-mère ainsi qu’à toute la famille
J’espère que la vigne n’a pas trop de mal et qu’il ne
sera pas nécessaire de l’arracher ; nous n’avons guère
besoin de ce nouveau malheur. Ah ! vivement… vivement
la Paix !… J’attend et avec beaucoup d’impatience
. Ton petit mari entièrement à sa Nonot chérie
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