![C’est bizarre ça ne m’intéresse pas énormément.](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/10-16-avril-recto.jpg)
Toute la misère vient à la fois.
6h1/2 du matin 16 avril 1916
. Ma Jeannot chérie
. J’ai reçu hier soir ta lettre du 11 courant. Je suis
toujours content quand je peux te lire et apprendre de
bonnes nouvelles de toute la famille. Je suis heureux de
savoir que notre petite Zizou est toujours bien portante
et qu’elle devient de plus en plus dégourdie. Tu me dis qu’elle
parle souvent de son gros papa. Son papa est bien impatient
de vous revoir toutes deux mais … hélas ! … savoir quand !.
Tu me dis que vous avez un sale temps et qu’il a gelé ce
qui n’arrange pas les arbres fruitiers. Décidément toute la
misère vient à la fois. Espérons que la série noire s’arrêtera là.
Je n’ai rien reçu du Louis. Il doit avoir déménagé. J’aurai
peut-être de nouvelles ce soir.
. Je me porte toujours assez bien. Hier matin, il a tom-
bé de la neige ce qui fait que nous sommes restés au cantonne-
ment. Il a fallu astiquer et passer la revue, l’après midi
nous sommes allés faire un exercice de défilé. Nous avons
reçu deux averses, mais il n’y avait pas beaucoup de
mal nous n’étions pas beaucoup mouillés.
. Aujourd’hui grand branle-bas. Réveil 5 heures
. Astiquage. Rassemblement à 7h1/2. Départ 8 heures
. Nous allons passer la revue du général Joffre
Nous avons une bonne étape à nous appuyer. Nous
avons 32 km à nous envoyer sans compter le défilé.
Nous allons donc voir le chef suprême, le grand mani-
tou des armées de France. C’est bizarre ça ne m’intéresse
pas énormément. J’aurai préféré revoir mon frère et
encore davantage mes deux gosses chéries. Quand serons
nous enfin réunis ! Que c’est long…bien long…
. Au revoir ma Jeannot bien- aimée. Ton
Simon n’oubli pas un seul instant ses deux chéries.
Il t’envoi ses plus douces caresses, ses plus tendres
baisers et mille petites bisettes au Zizou.
. Bien des choses à ta mère, à ta grand-mère, a
mes parents et frères. Bonne santé à tous et vive-
ment la fin de cette guerre maudite que je puisse
vous rejoindre.
. Ton petit homme t’embrasse bien fort sur ta
bouche. Souviens toi les 6 jours. Souviens toi notre
heureux passé. J’y pense souvent et je désire hardem-
ment le voir revenir ? je t’aime bien…bien.
Au revoir ma mie des bois ( Comme nous étions heureux)
Tout à toi pour toujours Simon
Il fait froid ce matin. J’ai les pieds Collay
gelés de rester immobile
Je t’aime ! J’attend Je te renvoie 3 de tes lettres
![Fleurs et monograme](https://lettres1418.org/wp-content/uploads/10-16-avrilverso.jpg)
Je pense à mes deux gosses chéries.
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