Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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14 mai 1918 : la Paix viendra bien avant que nous soyons tous tués.

15 mai 2018 Laisser un commentaire

Il faut se soumettre et attendre.

Drôle de mois de mai.

 

( en haut à gauche : Collay)
.                                                                           14 Mai 1918

.                                                          Ma Jeannot bien-aimée

.                             Je viens de recevoir à l’instant ta lettre du 11 courant. Je n’ais rien reçu à la date
.        du 10 et tu ne me parle pas que tu sois restée sans m’écrire. M’as-tu écris ce jour-là ? A la date
du 8, c’est la même chose. Je n’ais rien reçu et tu ne m’as dis ne pas m’avoir écris. Si tu reste sans m’écrire
n’oubli pas de me le dire dans ta lettre suivante afin que je sache les lettres qui se perdent
Tu me dis que tu voulais aller à St Etienne pour faire des emplettes et que ta mère n’a pas voulu. J’ignore ce
qu’on peut trouver à St Etienne et ce qui vous manque ; je ne peux donc pas juger si cela était utile que
tu fasse ce voyage. En tout cas il est bon de ne pas faire de voyage inutile. Dans ta lettre tu me dis qu’on pré-
dit la fin du monde et que toi tu la souhaite tout de suite ; il ne faut pas causer de la sorte, ni te laisser
abattre par la moindre contrariétée. Je ne crois pas que la fin du monde soit proche, ce le sera pour quelques
uns malheureusement mais la Paix viendra bien avant que nous soyons tous tués.
.     Notre Zizou se porte toujours bien et elle est toujours bien diable, seulement le pipi au lit ne passe
pas et ça ne passera pas tant qu’elle ne sera pas tenue et qu’elle cessera de tant courir. L’école
lui ferait bien du bien, vivement que tu puisse  l’y envoyer, elle deviendrait plus sage et plus
obéissante. Tu me dis qu’elle trotte tellement dans la journée que la nuit elle est très agitée et qu’elle
dort mal. Il n’y aurait donc pas un moyen de la tenir un peu. Certe il faudrait la fin de la guerre, il
la faudrait pour tout et pour tout le monde ; elle est grandement nécessaire.
.    Rien de nouveau pour moi depuis ce matin. Je ne crois pas que nous déménagions demain. Aujourd’hui
pour changer nous avons eu la pluie, en ce moment un pâle soleil essait de se montrer mais il ne va pas tar-
der à être noyé par la flotte. Drôle de mois de mai tout de même. J’ais oublier de te dire qu’hier nous
avons trouvé des œufs et que nous nous sommes payé une bonne omelette ; ça change un peu de
notre tambouille ordinaire. Ce soir nous allons manger une salade. Seulement œufs et salades ne sont
pas bon marché, il ne fait pas bon acheter. Enfin ! … c’est partout pareil … ici nous payons le vin 36 sous le
litre, tant pis, on en boit tout de même, dans quelques jours nous serons peut-être privés de tout.
.                  Au revoir petite fenotte. Je te quitte car c’est l’heure de la soupe. J’espère que ma lettre te
trouvera en parfaite santé ainsi que notre gamine que tu biseras bien fort pour son papa qui n’oubli
pas un seul instant ses deux gosses chéries. Il vous envoi ses plus douces caresses à toutes deux et attend
impatiemment la grande joie de vous revoir. Je ne sais pas quand mon tour de perme viendra mais il
n’y faut pas compter de sitôt. Avant d’avoir cette joie il faudra surement aller subir de nouvelles épreuves.
.     Enfin ! Espérons toujours. Et vivement … bien vivement que la Paix nous soit rendue.
.  Tu me dis que mon père t’a remi un couteau. Il faut me l’envoyer tout de suite, je n’en ais pas, un ca-
marade m’en a prêté un. J’en avais demandé un à mon oncle, c’est sans doute celui-là.
.        A demain petite fenotte chérie. Ton petit mari qui t’adore t’embrasse passionnément des mil-
lions de fois. Quand serons-nous enfin réunis. Les jours sont bien longs loin de toi. Dire que nous
serions si heureux si nous étions bien près l’un de l’autre. Il faut se contenter d’y penser et d’envier
pareil bonheur. Quatre longues années que nous vivons ainsi séparés, c’est tout de même bien dure et bien
cruel. Enfin ! Il faut se soumettre et attendre … nous ne pouvons rien faire autre. Je t’embrasse encore
passionnément partout ta figure, sur tes nanets. Souviens-toi ! Je t’aime ! … Rien que toi ma Nonot
des bois.

———————————————————–

Le décalage est encore dû à la largeur inhabituelle de la lettre, la largeur des lignes écrites par Simon est respectée par choix depuis le début du site.

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Jeanne 13 mai 1918 : Et dire que l’on ne voit toujours rien venir.
15 et 16 mai 1918 : La Paix tant désirée se fait bien attendre.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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