Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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13 janvier 15 : Nous sommes traités comme des forçats, des bagnards

13 janvier 2015 Laisser un commentaire

 

Nous sommes aux avants postes

recto avec flleurs

Recto

13 janvier 1915

Ma Jeannot chérie
Hier je n’ai pas eu la lettre de toi ni je
ne t’ai pas écris car il fallu se préparer pour
monter aux avants postes. Ce matin nous
sommes partis à 5 h du matin : nous sommes
aux avants postes pour une quinzaine de
jours. Nous sommes affreusement mal
logés dans de petites cahutes construites de-
puis les débuts ; c’est très sale partout de
la boue ; nous couchons sur de la paille
pourrie où doivent habiter quantité de

Verso

 

L'ordinaire n'est pas abondant

verso 13 janvier

vermines de toutes espèces. Le moindre obus
[   ] torpille raserait notre abri comme[   ] .
Il y a bien longtemps que nous
avons été si mal. Aussi j’ai le noir horri-
blement, décidément la vie n’est pas belle je suis
complètement dégouté. Quand donc ça finira-
t-il ? Décidément c’est trop bien trop !
Petite femme : avant-hier soir à 7 h on
m’a remi le colis que tu m’as expédier. Ils
étaient en très bon état le saucisson était
bien bon le fromage aussi, surtout le fromage
m’a fait beaucoup plaisir. Ici nous ne
trouvons rien et le peu que nous trouvons est horri-
blement cher. Il y avait aussi des [palmers ?]
et des cartes lettres dans le colis. Merci
bien à mon père pour le saucisson
L’ordinaire n’est pas abondant et je suis a
me demander ce que notre compagnie comman
dant de compagnie peut bien faire des 20 centimes
qui nous sont alloués pour l’amélioration
de l’ordinaire, ainsi que les prêts retenus aux
punis de prison. Nous n’en sommes pas content
de notre lieutenant, s’il y a des chefs qui savent se
faire aimer ce n’est pas lui. Que faire ? Rien !
Nous n’y pouvons absolument rien. Il nous faut
supporter et se soumettre comme de véritables
esclaves que nous sommes ; nous ne sommes pas
Traités comme des hommes, n’y même comme les
enfants mais complètement comme des forçats,
des bagnards. Pour faire un bon soldat il faut être
complètement dépourvu d’intelligence et obéir
tel une brûte domptée. Voilà la belle vie qui nous
est faite. Quand finira-t-elle. Tu peux faire voir
ma lettre. On ne le saura jamais assez à l’arrière
oui on a l’air de nous ignorer. Nous sommes retranchés
de la vie civilisée et ces messieurs ont l’air de le trou
ver tout naturel. Enfin ! Patience…qui vivra
verra. Au revoir chère petite femme. Embrasse
bien fort notre enfant pour moi. Bien des choses
à toute la famille et n’oubli pas que je t’aime
Ton Simon qui t’embrasse bien fort . Souviens toi

signature au recto à gauche des fleurs, verticalement.

 

 

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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