. 13 avril 1917
( en haut à gauche : je/ pense/ à toi cons-/
tamment/ Collay)
. Ma Jeannot chérie
. Je t’écris ces deux mots assis sur un tronc d’arbres
à l’entrée d’un village et sur le bord d’une voie ferrée que
les bôches ont démolie avant de s’en aller. Je suis dans un
ancien jardin où il y a encore quelques primevères.
. Cette nuit à une heure du matin on nous sonnait
le réveil, à deux heures et demi nous nous mettions
en route : heureusement que la pluie s’était arrêtée.
Nous avons fait une dizaine de kilomètres en avant
Il est onze heures et nous attendons depuis ce matin
des ordres soit pour cantonner cette nuit ici au village
soit pour filer encore plus en avant. Je crois que nous
ne tarderons pas d’êtres en ligne. Ce matin bonne
heure il y a du y avoir une attaque, une grande
ville aurait été prise. Je m’attend à ce que nous
relevions ceux qui ont attaqués.
. Je me porte toujours bien. Hier dans la soirée
il a tombé tantôt de la neige tantôt de la pluie
Cette nuit pareil jusqu’à que nous nous sommes
mis en route. Aujourd’hui le soleil se montre
par intervalles mais il fait un air pas
trop chaud. Il ne faut pas trop se plaindre
c’est déjà bien beau qu’il ne tombe rien quoique
j’ais bien peur que ça ne tarde pas. Il y a des nuages
nuages inquiétants.
. Je ne sais pas si nous aurons des lettres
aujourd’hui. J’aurais pourtant bien voulu
te lire pour apprendre de tes bonnes nouvelles
et des détails sur la promenade a Andrézieux.
. Au revoir ma petite femme bien-aimée
Embrasse bien Zizou polissonne pour moi
Bonjour à ta mère, à ta grand-mère, à mes
parents et toute la famille. Bonne santé
et bonne chance et vivement que nous soyons
réunis pour toujours. Je ne cesse d’attendre.
. Ton Simon qui t’aime bien…bien
de toutes ses forces ; qui t’envoi de bien douces
caresses et des milliers de tendres bisettes
en pensant aux jours enviés d’autrefois
Quand nous seront-ils rendu. Je t’adore
encore mieux mieux. Je t’embrasse bien
fort sur ta bouche comme pour les 7 nuits !
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