Recto
( en biais en haut :Mille
bisettes et bien
douces caresses à ma
Jeannot et ma Zizou)
( en vertical marge de gauche : mon camarade Courtial est parti en permission hier
matin. Il m’a dit qu’il ferait son possible pour aller te voir
si ce n’est pas à l’aller ce sera au retour. Il est parti pour 8 jours)
. 12 juillet 1915
. Ma Jeannot
. Je viens de recevoir ta lettre du
8 courant la dernière que j’avais
reçue, il y a 3 jours était du
6, tu es restée un jour sans
m’écrire alors que tu savais
que je devais attendre des nouvelles
avec impatience, d’après ce que
tu me disais j’étais dans l’in-
quiétude, tu dois le comprendre
facilement. Mon père devait
m’écrire, pourtant je n’ai rien
reçu et je désire beaucoup qu’il
m’explique ce qui s’est passé
J’ai reçu une lettre de l’oncle,
en effet il me dit qu’il y a long-
Centre gauche
temps que tu désirais aller
habiter avec ta mère, qu’il y a
longtemps que tu avais fais allusion
à cela et que tu avais rangé ton
linge dans le placard de la la
chambre. Il me dit qu’il comprend
que tu devais t’ennuyer car
Montbrison est bien monotone
Qui croire ? Qui a tort ? Je
crois que c’est tous les deux.
Ma Jeannot : j’aime la
vérité par-dessus tout, je vou-
drais savoir franchement ce
qui se passe. J’espère que
ta conduite sera toujours celle
d’une honnête femme et que
tu n’oublieras pas que tu as
un mari qui souffre loin de
toi pour sa Jeannot et son
Zizou qu’il adore et dont
malheureusement il est séparé
Centre droit
par la force des choses. Il ne
faut pas t’offusquer pour ce que
je te dis, c’est que depuis que je
t’ai quittée j’en ai vu des vertes
et des pas mûres : que de femmes
ont oublier qu’elles ont leur mari
qui souffre loin d’elle, salissant
leur conduite, oubliant leur
dignité. Que de dégoût ! Souvent
je me suis demandé si jamais
ce cela m’arrivait qu’elle serait
pas ma vie par la suite sans mon
honnête femme et notre chère
enfant la vie est impossible pour
moi. N’oublie pas notre bonheur
d’autrefois. Songe ce que nous
avons étés heureux et combien
notre amour était grand.
Sois toujours ma Jeannot que
j’aime tant, prends bien soin
de notre enfant que tu embrasse-
. ras
Verso
bien fort pour moi. Si l’oncle
veut voir le Zizou ne lui le refuse
pas, ne sois pas méchante,
il vaut mieux être bon que
mauvais, quand même qu’il
aurait tort ce n’est pas pour
cela qu’il faut le chagriner.
Il me dit que si j’ai besoin le
quelque chose il est toujours là.
Tu me dis que tu retourne
travailler. J’en suis très content
car j’étais à me demander si
tu pouvais rester sans rien faire
et si l’argent ne te manquerait
pas. Ne cause à personne de ce qui
c’est passé avec l’oncle sois réservée
pas de potinages ce n’est pas digne
de gens sérieux. Au revoir ma
Jeannot. Ton Simon t’embrasse bien
tendrement. Bien des choses à ta mère
à ta grand-mère et à tous les parents
que tu verras. Collay
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