Recto
. 10 juillet 1915
. Ma Jeannot
Hier j’ai reçu ta lettre du 6 courant
qui m’a en effet fait beaucoup de
peine, tellement, que je n’ai pas eu le
courage de te répondre. J’attendais une
autre lettre aujourd’hui avec beaucoup
d’impatience et je n’ai rien reçu et
j’attend demain avec beaucoup de
nervosité. Ce n’est donc pas assez d’en-
durer une si longue séparation, de
souffrir loin de tous ceux que l’on
aime, qu’il faut encore voir la discor-
. de
Centre gauche
au milieu de la famille, entre ceux que
l’on aime et que l’on attend de revoir
avec impatience. Comme c’est pénible
de voir pareille chose. Je suis ennuyé.
Quand donc finira tout ce commer-
ce ? Quand pourrais-je reprendre
ma place dans la famille et travailler
pour mes deux gosses chéries.
Ma Jeannot : d’après ta lettre, si
tout est tel que tu le dis tu as peut-être
raison. L’oncle n’a pas le droit de t’in-
sulter, il n’est pas obligé de te garder
cher lui et je n’aurais pas cru qu’il
fasse pareille chose ni te traiter de
la sorte. Vous ne pouvez pas vous enten-
dre il vaut donc mieux que vous ne
viviez pas ensemble. Tu me dis que
mon père doit m’écrire. J’espère qu’il
m’expliquera lui aussi ce qui se passe
je le désire. Je ne crois pas que tu cher-
che à me tromper et que tout ce que
tu me dis est bien la vérité ; qu’aucune
influence étrangère ne t’a décidée
a prendre pareille décision. Je vou-
drais savoir si madame Berger
est toujours à la maison et si son arri-
vée n’a pas été un peu la cause de
ce qui arrive : car quand j’ai su
qu’elle allait ab habiter avec vous
Centre droit
çà ne m’a guère plu et j’ai eu l’in-
tuition qu’il arriverait quelque chose.
J’attend un peu plus de détails et
j’espère que ma femme sera toujours
une personne respectable qui n’oublira
pas ses devoirs et l’amour qui nous
a uni et que je crois toujours aussi
grand et aussi sincère. Soigne bien
notre Zizou chère Jeannot, songe bien
que ton Simon t’adore et que tu es toi
et notre enfant, toute sa vie. Je vous
aime par-dessus tout, mon devoir
et mon bonheur est près de vous.
Patience et qu’il nous soit permi
de reprendre notre bonne vie d’au-
trefois.
Bien des choses à mes parents
j’attend que mon père m’écrive
et m’explique.
Merci à ta mère pour le
billet de 100 sous qu’elle m’a
envoyé. Bonjour à ta grand-
mère et à tous les parents.
J’attend des détails sur ce
qui s’est passé.
Verso
Au revoir à tous
Je suis pressé on m’attend
pour travailler.
Mille baisers
Ton Simon qui
t’adore
. Collay
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