. 12 décembre 1917
( en haut à gauche : ton / petit mari /
tout à sa Nonot / Simon Collay )
. Ma bien chère petite femme
. J’ais reçu hier soir ta lettre du 7 et à l’instant celle
du 8. Je suis bien content de pouvoir te lire régulièrement
et de savoir mes deux gosses chéries en parfaite santé.
. Ma Nonot je ne t’écrirai pas longuement car l’heure
de la levée des lettres n’est pas loin et je n’ais pas eu le
temps de t’écrire avant. Nous avons un temps toujours
bien froid, les nuits ça gèle assez fortement. Ce matin
nous avons eu revue de cantonnement, il a fallu
nettoyer à tenant. Cet après-midi il y a eu prise
d’armes pour une distribution de croix de guerre
Nous arrivons. C’est pourquoi je n’ais pas eu le
temps de t’écrire avant.
. Il ne fait pas chaud pour t’écrire. Je ne sais où
me mettre ; dans la grange où nous couchons il y fait
un froid de loup.
. Aujourd’hui à midi nous avons fait un petit
repas avec mes camarades brancardiers. Nous avions
chacun une côtelette de cochon, un plat de patates,
une salade avec le vin ça nous faisait chacun
5f50 . Il ne fait pas bon se payer quelque chose.
Nous avons tout de même fait un bon repas, ça m’a
fait plaisir car j’avais l’estomac délabré par toutes
les saloperies que nous avons mangé en ligne.
. Mamie chérie, tu n’as pas l’air d’être contente de
tes camarades d’atelier, elles sont grossières et ce mêle
à des choses qu’elles ne comprennent pas. Que veux-
tu ! … Laisse-les de côté et fais comme si tu étais
seule. Certe ce n’est pas drôle. Mais en ce moment
il y a rien de drôle pour personne. Pour nous je crois
que cet hiver nous n’aurons pas beaucoup de repos.
La situation ne me parait pas brillante. Pourvu
que la chance soit avec nous jusqu’au bout, ce sera
déjà quelque chose. Au revoir Mamour. Embrasse
bien notre Zizi pour son papa. Bien le bonjour à ta
mère, à toute la famille. Bonne santé à tous.
. Ton petit mari qui t’adore t’envoi de bien dou-
ces caresses en songeant aux beaux jours d’autrefois
Ton Simon tout à toi et qui t’embrasse bien fort
sur ta bouche, tes yeux, ton cou… partout
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