Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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13 décembre 1917 : rien ne nous laisse espérer que pareil supplice soit près de finir.

22 décembre 2017 Laisser un commentaire

Recto

Les jambes et les reins me font mal et je n’ai aucun courage.

Je suis fatigué.

.                  le 13 décembre 1917
( en haut à gauche : Je te / renvoi 5 /
de tes lettres / dans une autre /
enveloppe. Dis-moi /
quand tu les auras reçu. )
.                       Ma Jeannot bien-aimée
.    Je t’écris du même patelin qu’hier.
Aujourd’hui je n’ais rien fait du tout car
je suis fatigué ; les jambes et les reins me
font mal et je n’ais aucun courage. Je suis
vanné. Ça n’est qu’un malaise sans doute
demain ça ira mieux.
.         Aujourd’hui il fait une belle journée.
En ce moment le soleil brille. Les nuits
sont très froides, heureusement que nous
avons deux couvertures, j’ais deux toiles de
tente, avec la capote en plus on peut bien
se couvrir. Ce matin j’ais touché une paire
de galoches.
.        Je ne sais pas si nous sommes pour
longtemps par ici. Si nous y passons tout
notre repos, ce ne sera pas bon signe. Il y

 

 

 

Centre gauche

Comme c’est loin déjà ! Que cette séparation est donc longue et cruelle.

Ce maudit secteur de Verdun.

aura beaucoup de chances que nous remon-
tions dans ce maudit secteur de Verdun.
Enfin ! Espérons qu’il n’en sera rien.
.    Rien d’intéressant depuis hier. Je
m’ennui ici comme partout. Je ne cesse
de penser à mes deux gosses chéries. Le
temps me dure bien de vous revoir.
Souvent je pense à tout notre bonheur
d’autrefois. Comme c’est loin déjà ! Que
cette séparation est donc longue et cruelle
Ah ! vivement que cette maudite guerre
prenne fin que nous soyons de nouveau
réunis et pour toujours. Comme nous
serions heureux Mamie chérie avec
notre gentille petite Zizou. tous mes cama-
rades à qui j’ais fait voir la photo disent
qu’elle te ressemble. Elle ressemble sa
maman. Embrasse la bien pour son
papa qui ne vous oubli pas un seul
instant, constamment ma pensée est
avec vous.
.    Hier j’ais oublier de te dire que mon
père m’a écrit ainsi que Joanny.
.    Mon père me donnait de bonnes nou-
velles de toute la famille. Joanny me
dit qu’il doit passer devant une com-
mission soit pour la réforme, soit pour
l’auxiliaire. Je souhaite qu’il soit réfor-
mé et qu’il puisse travailler pour éle-
ver ses deux gosses. J’espère que Claudia
aura trouvé une nourrice.
.        Petite fenotte. On vient de distri-
buer les lettres mais aujourd’hui je
n’ais pas la satisfaction de te lire ; pas
de nouvelles de personne. J’espère que

 

 

 

Centre droit

Malheureusement la fin ne semble pas proche et nous avons encore besoin de beaucoup de patience.

Tes lettres me sont nécessaires.

ce n’est qu’un retard de la poste et que
demain j’aurais de bonnes nouvelles de tous
mes êtres chers. Je n’aime pas rester sans
te lire, il me manque quelque chose ; tes
lettres me sont nécessaire petite femme
j’ais besoin de sentir toute ta tendresse,
tout ton amour. Je t’adore de toutes mes
forces, tu es toute ma vie.
.        Dans ta lettre d’hier tu me dis qu’a
chaque instant tu revois des choses bien
familières, tu te figure plus près de moi.
Hélas !  Nous sommes bien loin l’un de
l’autre. Moi non plus je ne cesse de penser
à nos beaux jours d’autrefois. Je pense sou-
vent à nos gentilles promenades que nous
faisions tous les deux ; à nos gentils petits
coins. C’était le beau temps. Nous étions
bien heureux. Comme le présent est triste
quelle différence. Si encore ça finissait.
Si notre bonheur nous était rendu que
nous puissions à nouveau goûter toutes
nos joies communes. Ah ! … Etre à nouveau
réunis, vivre tranquils bien tous les
deux avec notre Zizi qui me rappelle le
plus beau temps de ma vie. Je ne pense
qu’à cela ; c’est toute mon ambition et
j’attend bien impatiemment. Malheu-
reusement la fin ne semble pas proche
et nous avons encore besoin de beaucoup
de patience. pourvu que la chance ne
nous abandonne pas. Espérons ! Patien-
tons ! … ça devient bien fatiguant. Il y a
bien trop longtemps que ça dure. Tu
peux croire que je ne suis pas le seul a
désirer la paix. Nous en avons tous

 

 

Verso

Rien ne nous laisse espérer que pareil supplice soit près de finir.

Nous sommes séparés
depuis 40 mois.

bien mare.
.        Au revoir Mamie chérie. Je ne t’écris
pas plus longuement pour aujourd’hui.
Je vais attendre demain soir avec impa-
tience pour te lire.
.        Bien le bonjour pour moi à ta mère
à chez moi, à toute la famille J’espère
que ma lettre vous trouvera tous en par-
faite santé. Mille bien douces bisettes
à mes deux gosses bien-aimées que j’ai-
me plus que tout au monde.
.         Ton petit mari qui t’embrasse bien
fort sur ta bouche, tes yeux, ton cou,
partout !  Souviens-toi la permission
déjà si loin. Et dire que nous serions
si bien tous deux sous l’édredon, dans
notre petit lit, bien près l’un de l’autre.
Hélas ! Nous ne pouvons qu’envier
pareil bonheur. Nous sommes séparés
depuis 40 mois et rien ne nous laisse espé-
rer que pareil suplice soit près de finir.
.    A demain ma Jeannot des bois.
.    Je t’aime bien … bien … bien. de tout
mon cœur toujours aussi jeune et plein
de tendresse pour toi. Je n’aime que toi
et je t’aime passionnément.
.   N’oubli pas ! Attend-moi. Je t’embrasse
encore des millions de fois partout.
.   Ton Simon tout à toi, entièrement
et pour toujours.
.           Simon      Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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