Recto
. 11 août 1915
. Ma chère femme
. Je viens de recevoir ta lettre du
8 courant, hier je n’avais rien reçu.
Je vois avec plaisir que la santé se
maintient dans la famille et que tous
ceux que j’aime se portent bien, que
notre Zizou grandit toujours.
Je me porte pas trop mal. Depuis
ce matin nous sommes aux avants-postes
et je suis arrivé tout mouillé de chaud.
le temps est pénible et j’étais chargé
comme un bourriquot. Heureusement
que j’ai pu changer de linge et me
mettre à mon aise.
Hier je t’ai écris que nous ne devions
pas cacheter nos lettres, elles seront cachetées
que quand elles auront passées à la
. censure
Centre gauche
Toi tu peux cacheter les tiennes. La
censure n’existe que pour les lettres qui
partent du front. Si cette maudite
guerre se poursuit encore longtemps
nous allons devenir de véritables esclaves
. Ma Jeannot : je ne me fais
plus du mauvais sang au sujet de
mon oncle, j’en ai pris mon parti.
Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de
lui, il me dit que c’est toi qui est
cause que madame Berger est chez
lui, que c’est toi qui l’avais engagée
à venir habiter à la maison. Il
n’a renvoyé personne et dis qu’il n’a
rien à se reprocher. Il tient à notre
disposition le livret de notre gosse qui
est de 151f,05 n° du livret 49.435
et le mien n° 49 344 qui est de 442f.51
Il me dit que si ça me convient il les
Centre droit
remettra à mon père qui te les remet-
trais contre un reçu. Je vais lui écrire
que oui. Mon livret a en effet bien
diminué. Enfin ! Prenons ce qui reste
ce sera toujours moins que rien.
Il me dit qu’on demande des brique-
tiers fumistes, il veut se renseigner
et essayer de me caser. Je doute fort
que ça réussise. Il me dit que mon
cousin Faure est allé en permission.
Moi je ne sais toujours pas quand
sera mon tour. Je m’ennui beaucoup
loin de vous et le temps me dure bien
d’embrasser ma petite femme et notre
petite gamine. Comme cette terri-
ble guerre se fait longue ; elle menace
de s’éterniser, rien qui fasse prévoir
une paix possible. C’est affreux
et je ne puis comprendre de des peuples
civilisés se livrent à de pareilles massa-
cres. On ne travail plus que pour tuer
ou fabriquer des machines destructives.
Verso
Quand ? pourrons-nous reprendre
notre vie commune. Quand notre bon-
heur nous sera-t-il rendu ? J’attend
avec énormément d’impatience.
Au revoir chère petite femme.
Ton Simon qui t’aime tout
plein t’embrasse bien tendrement
Comme autrefois ! Souviens-toi !
Mille bisettes à notre Zizou et mes
plus douces caresses à toutes deux.
Bien le bonjour à ta mère
à ta grand-mère et à mes parents
Bonne santé à tous . A vous
revoir le plus tôt possible.
Ton petit homme tout a
toi et pour toujours :
. Je t’aime !
. Simon Collay
Bonjour de mes camarades
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