Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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10 octobre 1915 : La volonté implacable des grands ambitieux fait le malheur des peuples

10 octobre 2015 Laisser un commentaire

Fleurs séchées jointes au courrier de Simon Collay

Fleurs du 10 octobre 1915

Recto

Tous ceux que j’aime se maintiennent en très bonne santé

Si cette maudite
guerre prenait fin

.                         10 octobre 1915

( en haut à gauche :
Si cette maudite
guerre prenait fin
avec quelle bonheur je reverrais
mes deux gosses, des deux êtres bien
.                                               chers)

.                   Ma Jeannot chérie

Je n’ai pas reçu de lettre de toi hier, j’espère
que malgré cela, tous ceux que j’aime se
maintiennent en très bonne santé ; que

 

 

 

Centre gauche

ma Jeannot et notre chère petite Zizou vont aussi
bien que possible et que rien de facheux ne s’est
produit pour aucun membre de la famille.
.     La correspondance est loin de marcher ré-
gulièrement. J’espère que ce soir j’aurais la joie
de lire ma petite femme dont j’attend les
lettres toujours avec impatience, je suis
inquiet quand je reste sans nouvelle de
mes deux chéries ; c’est en te lisant ma Jean
not aimée, que je passe les meilleures instants
que j’ai par ici. Je vis de ton souvenir et de
celui de notre enfant ; je vis en évoquant nos
beaux jours d’autrefois, nos heureux instants,
nos tendres caresses, tout ce qui fût nôtre
bonheur déjà si loin et que je désir tant voir
revenir. Où sont nos douces joies ? quand revien-
dra-t-elle notre vie commune. J’attend !…
J’attend toujours et je ne puis être plus im-
patient. Les heures s’écoulent lentement en
pensant à toi à notre enfant, en rêvant
l’heureux jour du retour près de vous, en
espérant que nous seront encore heureux et
plus encore que nous ne le sommes jamais
étés. Je t’aime de toutes mes forces de
toute mon âme. Je t’aime qu’on comme
on ne peut aimer qu’une fois. Je t’aime
comme l’on doit aimer la compagne de sa
vie, la mère de notre enfant. Je t’adore

Il nous faut tout sacrifier à cette horrible guerre qui nous appauvrit

Pourquoi suis-je au danger contre ma volonté ?

 

Centre droit

comme ma mie des bois, mon cœur est
toujours aussi jeune et mon amour aussi
grand. Souviens toi ! ma chérie. Souviens
toi de nos gentilles promenades d’autrefois com-
me nous étions heureux que de nous isoler et de
nous sentir bien seuls, d’échanger nos pensées,
nos désirs, nos espoirs, nos caresses. Que nous
importait les autres, nous vivions pour nous,
bien pour nous. Hélas ! pourquoi tant de
belles choses sont déjà si loin ? Pourquoi
sommes-nous tenus de vivre si loin l’un de
l’autre, pourquoi suis-je au danger contre
ma volonté contre tous mes désirs. Pourquoi
être obligé d’endurer les souffrances morales
que j’endure loin de tout ce que j’ai de plus
cher au monde. La volonté implacable des
grands ambitieux fait le malheur des peuples,
des pauvres gens. Il nous faut tout sacrifier
à cette horrible guerre qui nous appauvrit
et que j’execre de toutes mes forces, de toute ma
volonté. Quand finiront donc ces massacres,
quand la vie humaine sera-t-elle respectée
quand ces pauvres peuples s’appercevront-ils
qu’ils agissent mal et contrairement à la civi-
lisation que l’on croyait régner chez tous.
Où est-il l’homme sage qui essaieras d’expli-
quer et de faire comprendre que le devoir d’un
être humain n‘est pas de tuer son frère mais
de rechercher l’union et l’égalité. Hélas !
l’embition domine le monde et la jalousie

 

 

Verso

Toujours les braves gens ont eu à souffrir de l’ambition des grands

On ne voit qu’hypocrisies et mensonges

la seconde ; on ne voit qu’hypocrisies et mensonges
et c’est les gens humbles et simples les plus hon-
nêtes qui sont les plus grandes victimes de cette
affreuse situation. toujours les braves gens ont eu
à souffrir de l’ambition des grands et des méchants
Enfin ! Il faut espérer que ça changera, que l’ou-
vrier, de quelque nationalité qu’il soit, sera plus
intelligent et saura mieux, à l’avenir, sauvegar-
der ses intérêts.
.   Ici ! toujours pareil. Il n’a pas plu ni
hier ni aujourd’hui, mais le temps et
sombre. Rien de nouveau, la vie s’écoule
bien lentement, une bonne partie de notre
jeunesse qui aurait étée heureuse n’est qu’en-
goise, que regret les beaux jours d’autrefois avec de
vagues espérances d’un prochain retour près
de ce que l’on aime le plus au monde. J’essaie
de croire que le sort m’épargnera, qu’une nou-
velle et belle vie m’attend.
.     Au revoir ma Jeannot, ma Zizou ; tous mes
espoirs, toute ma vie. Je vous embrasse bien fort
et bien tendrement en attendant le retour de
tout notre bonheur. Je vous aime bien… bien
bien et je languis après vous vos douces caresses
en espérant bientôt vous prodiguer les miennes
Jeannot ! Je t’aime ! Je t’adore de toutes
mes forces de toute ma vie. Je suis tien pour
toujours. Au revoir le plus tôt possible.
Mille bisettes à notre Zizou si gentille. Bien
le bonjour et mes meilleurs souhaits de bonne
santé à ta mère, ta grand-mère, à mes parents
à mes frères. Ton Simon tout à sa chérie
Jeannot         Collay    mille millions de bien doux
.                                     baisers. Souviens-toi. Je t’aime
.                                      et j’attend !.

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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