Recto
2 août 1914
Chère femme, chère parents, oncles
et frangins
Je vous ai écris hier que nous étions
au repos, je pense qu’aujourd’hui il en
sera de même car nous sommes au
même emplacement. Les artilleurs
ont commencé de bon matin, il va se
tirer quelque chose comme obus. La san
té n’ai pas mauvaise quoique tous nous
ayons quelques coliques peu graves. Rien
de bien intéressant à vous apprendre. [..
………………………………]
J’espère que pour vous tous la santé
[……………………………….]
d’ennuyeux ne s’est produit pour tous
les membres de la famille. Bien le
bonjour à l’oncle de la Crase, vous me
ferez savoir de ses nouvelles.
Chère femme quand tu m’écriras tu
me donneras bien de vos nouvelles, sur
l’oncle, mes parents, mes frères, afin
qu’en lisant ta lettre je vive un instants
avec tous les êtres qui me sont chers et
que j’aime avant tout.
Ma jeannot, ma chère femme : jamais
je n’ai rien tant compris la force des
sentiments qui nous lie l’un à l’autre
jamais je n’ai tant compris la force de
notre amour et avec qu’elle impatience
Verso
j’attend la fin de la guerre pour recom-
mencer la vie heureuse si vite interrom
pue. Je t’aime comme tu dois m’aimer : de
toute mon âme. Embrasse bien notre chère
Zizou, notre chère petite gosse que je voudrais
bien voir trotter et babiller. Bien des cho
ses à l’oncle, écoute ses conseils et prend
soin de lui : je lui dois tout. Que mon père et
ma mère sache bien que je pense à eux et que
je les aime ainsi que mes frères et faites moi
tous savoir de vos nouvelles le plus souvent possi-
ble. En attendant une lettre de vous je vous
souhaite bonne santé et vous embrasse tous
bien fort. Votre mari, fils, neveu et frère qui
pense à vous et vous aime.
Mille bisettes et caresses à ma
femme et à ma gentille petite
fille.
Votre affectionné
Simon
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Un courrier retrouvé par hasard . Il est de Simon et daté du 2 août 1914. Le problème vient du contenu qui suit : on apprend qu’il est en zone de combat, « il va se tirer quelque chose comme obus ». Or on sait qu’il est encore à Saint Etienne le 5 août, dans la nuit. Il s’agit sans doute d’une erreur de mois, il met « août » au lieu de « septembre », faute courante dans les premiers jours d’un nouveau mois…. C’est une des rares lettres où il évoque la guerre concrètement. On sait, par les journaux de marche, que son baptême du feu s’est fait une dizaine de jours auparavant, lors de la bataille de Sarrebourg. Le reste concerne la famille, le sujet essentiel que l’on a retrouvé tout au long des 5 premiers mois.
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