C’est la neuvième lettre que je t’écris car je viens
de recevoir ta lettre du douze. Nous allons tous bien
et je’espère que tu en sois de même. Ton frère Louis
et rentrer en France il nous a écris de Dijon il
est en bonne santé. La petite va très bien
Elle court maintenant. Elle n’arrête de toute la
journée. Je ne vois pas autre chose à te dire sinon
que toute la famille est en bonne santé
L’Oncle me charge de te dire bien des choses de
ça part. Ainssi que ton père et ta mère.
Le Joanny et toujours sans travail il va à la pêche
Ta femme qui t’aime et t’embrasse bien fort
Ainsi que ta petite Zizou
Jeanne
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Problème de chronologie : Les deux premières lettres de Jeanne, en notre possession, nous donnent de nouvelles indications sur le croisement des courriers. La correspondance se met en place et on constate plusieurs anomalies : la date du 2 août, chez Jeanne, est fausse, la lecture nous le prouve : elle a reçu une lettre du 6, puis indique deux autres lettres : une du 13 et une non datée. Cela fait que la présente lettre ne peut être antérieure au 15,( si la lettre du 13 a mis 2 jours) Elle dit également que c’est la 8ème lettre qu’elle écrit et celle du 25 est la neuvième. Quand on voit le rythme des écrits de Jeanne, cela nous place la 8ème au 22 ou 23 de ce premier mois de Guerre.
Autre indice, elle lui demande également de dire d’où il écrit. La dernière indication de cela, pour Simon date du 5, il est encore à Saint Etienne, il le dit, ils partent dans la nuit qui suit. On sait que la consigne passée par l’état major est de ne pas donner les lieux de stationnement des régiments, on sait qu’il respecte la règle. On a donc pour la période située entre le 2 et le 25août, 9 lettres de Jeanne et 8 possibles pour Simon. En réalité en notre possession nous n’en avons que 2 pour elle et 4 pour lui. Cela confirme la perte d’un certain nombre de courriers.
On voit que ces premières lettres sont courtes, banales : elle fait un bilan des lettres qui semblent s’être perdues, donne des nouvelles rapides de Zizou et de l’un des frères de Simon, Louis. Une inquiétude revient cependant : où es-tu ? La présence de l’oncle permet de doubler la question. On verra que la réponse n’est pas pour tout de suite….
La famille s’élargit avec « l’oncle », « l’oncle de la Grase »et « le Louis ».
Louis est le frère cadet de Simon, né à Grand Croix le 14 janvier 1894, il est recensé comme employé chez Pichon en 1911. Deux ans plus tard, en mars 1913, il signe un engagement volontaire pour le 4ème groupe aéronautique et il est affecté en Afrique du nord : il est à Casablanca le 29 novembre 1913.
La guerre déclarée, il est affecté au parc aéronautique n°7, en novembre 1914, selon sa fiche militaire. Toutefois on constate dans la première lettre de Jeanne qu’il « démonte les appareils » et dans la deuxième qu’il est à Dijon. Le rapatriement du matériel et des hommes semble relativement rapide et la fiche qui indique les périodes de « campagne » s’avère erronée quant aux dates!
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