Recto
. 1er Avril 1918
. Ma Nonot chérie
J’ais lu, hier soir, avec plaisir ta lettre
du 27 écoulé. Tu me dis que la santé est
assez bonne ; j’espère que tu te porte assez
bien quoique tu sois enrhumée et que
tu ais le nez bouché, ce qui, dis-tu, t’obli-
ge à faire comme les carpes. Notre Zizou
a toujours grande langue, elle ne cesse de
répliquer, elle est toujours diable mais elle
se porte bien.Elle n’a pas oublié son papa
et elle chante toujours la chanson : de la
canne et des gants.
. Petite fenotte. Tu as l’air ennuyée
de te voir une charge nouvelle. Certe cela
donne à réfléchir, surtout à la maudite
époque actuelle. Mais qui faire ? …
Rien ! … Se faire du mauvais sang
n’avance à rien. Les épreuves sont
dures et même cruelles, mais ils faut
les supporter avec sang-froid et en espé-
rant que la chance ne nous aban-
donnera pas et que nous serons tous
deux pour élever nos enfants. Encore
un peu de courage ! … Certe ça n’est
pas le rêve de s’aimer de loin . Espérons
que nous pourrons nous aimer encore
de bien près. Nos caresses nous parait-
Centre gauche
rons que meilleures après avoir étés
séparés depuis si longtemps. Crois-
moi : la vie m’est bien dure loin de
toi ; parfois je souffre même cruelle-
ment en comparant ce qui est notre
vie avec ce qu’elle pourrait être. Que
de tristes réflexions en comparant
notre passé et le présent. Nous avons
étés bien heureux, nous nous sommes
bien aimés ; nous nous aimons plus
que jamais depuis 4 ans il nous
faut vivre séparés et dans l’angoise
et l’incertitude de l’avenir. Pourtant
je résiste ; si parfois je me sens aller
au découragement je réagis car je
comprends que ça n’avancerait rien
de me faire du mauvais sang. Je pense
à toi, à notre Zizou et aussi au dernier
fruit de notre amour si grand et si
sincère et je m’efforce d’être fort et de
faire face à l’adversité. Fais-en
de même ma Nonot. Ta situation
n’a rien de drôle, je le comprends et
ne crois pas que je n’y songe pas, j’y
songe même souvent puisque que je
pense constamment à toi. Je t’adore
Mamie chérie … de toutes mes forces
de toute mon âme … Je t’adore et te
respect comme on doit respecter
celle que l’on a choisi pour compagne
dans la vie. Tu es ma femme et je
t’aime ! Et j’attends impatiemment
Centre droit
l’heureux jour qui nous permettra
de reprendre notre vie commune.
Quel bonheur sera alors le notre …
penses-y et que cela t’aide a
supporter les mauvais jours qui
peut-être touchent à leur fin.
Tâchons d’avoir encore confiance
. Pour moi rien de nouveau
depuis hier … Je me porte toujours
bien. Nous sommes encore au
même endroit qu’hier mais nous
devons déménager ce soir ; nous ne
savons pas bien où nous allons
. Je ne sais pas si nous sommes
pour encore longtemps dans le
secteur, mais je crois bien que
non et qu’il faudra aller
dans des endroits plus mauvais.
Nous ne savons rien … attendons !
. Hier soir ça a retombé de
l’eau et aujourd’hui ça ne veut
pas tarder d’en faire autant.
Vilain pour nous … qui serait
bon à Montbrison.
. Au revoir ma Jeannot
des bois. Ton Simon ne t’oubli
pas une seule minute cons–
ta constamment sa pensée est
vers ses deux gosses chéries près
desquelles il lui tarde d’être de
retour. embrasse bien notre
Verso
Zizi pour moi et donne bien le bon-
jour à ta mère, à ta grand-mère,
à chez moi, à toute la famille.
Vivement que j’ais la grande joie
de vous revoir tous.
. Ton petit mari qui t’aime
bien … bien et qui t’envoi de
bien douces caresses en évoquant
nos beaux jours d’autrefois. Sou-
viens-toi ma Nonot à moi, ma
bien-aimée petite femme. Tu es
toute ma vie, tout mon espoir ;
j’ais confiance en toi et j’espère que
notre bonheur nous sera rendu.
. Je t’embrasse bien tendre-
ment, des millions de fois partout
ta chère figure, tes yeux, ta bouche,
ton cou, partout. Souviens-toi
et attends-moi.
. Je suis tout à toi et pour
toujours. Ne l’oubli jamais.
. Simon Collay
Je te renvoi deux de tes lettres.
. Fais-moi savoir quand tu les
. auras reçues.
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