Recto
2 oct Mars 1918
( en haut à gauche : Je t’adore /
et t’envoi mes / plus douces caresses/
Collay)
. Ma Jeannot chérie
. Je viens de lire à l’instant ta carte
du 26 écoulé et je suis tout bouleversé.
décidément nous en avons pris trop a
notre aise à ma dernière permission
et nous avons fait la grosse bêtise. Quand
je pense que j’accusais Joanny de négligen-
ce… Aussi tu étais aussi gourmande que
moi … la bêtise est faite … mais tout de
même ça m’ennui ! – Que faire ? – Tu
me demande ce que j’en pense, que tu
feras ce que je voudrai … Je ne sais que
te conseiller … ce que je veux c’est que
tu sois heureuse et que ta santé soit
Centre gauche
toujours bonne. Les temps sont dures
… la vie difficile. La perspective d’un
autre mami à élever n’est pas des
plus drôles. Ah ! si nous étions riches
ça irai tout seul. La guerre n’est
pas finie, malheureusement, si elle
était finie et que j’ais repris ma place
près de vous, je serais même content.
Tu ne pourrais pas l’élever, tu serais
obligée de le mettre en nourrice, la vie
n’est déjà pas si commode, l’état n’est
pas si large … Je suis ennuyé … bien
ennuyé et je ne sais que te dire …
Je t’aime bien ma Jeannot … j’aime
bien notre Zizou, j’aime tout ce qui
est de toi, mais je ne voudrais pas que
tu sois malheureuse et que la vie te
sois difficile. Je ne voudrais pas non
Centre droit
plus que ta santé soit atteinte, la
santé avant tout, ne la risque jamais
Fais comme tu l’entendras Mamour.
Si tu crois qu’il te soit possible,
sans être trop dans la gêne, laisse
faire. Fais en sorte de n’avoir pas
de regret.
. Je t’adore petite fenotte. Je ne
te voudrais pas malheureuse et
cet évènement me bouleverse et
m’ennui. Je serais bien content que
ce ne soit qu’une fausse alerte.
Ah ! si je savais que nous soyons bien-
tôt réunis pour toujours, ça change-
rait ; malheureusement les épreuves
ne sont pas finies. Vivement la fin
de cette incertitude, vivement la
Paix. Je l’attends avec de plus
en plus d’impatience et maintenant
ça va-t-être pire.
Verso
Ne reste pas sans m’écrire, ma Nonot
car à présent je vais être bien inquiet
J’attends impatiemment demain
pour te relire.
. Au revoir petite femme. Embrasse
bien Zizou et fais comme tu l’entend-
ras et de façon à ne rien regretter plus
tard. Tout ça est bien ennuyeux …
Enfin … il faut en prendre son parti
. A demain ma Jeannot des bois
que la chance ne nous abandonne
et que nous soyons réunis au plus
tôt. Bien le bonjour à ta mère et
à toute la famille.
. Ton Simon qui t’adore et qui
t’embrasse passionnément, comme
pour la perme.
. Ecris-moi vite. Il me tarde de
savoir ce que tu auras résolu
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