. 18 février 1918
( fin de la lettre : et qui t’adore t’embrasse des millions
de fois bien fort et bien tendrement comme
pendant les quelques jours de bonheur que nous venons de passer ensemble
. Collay)
. Petite femme chérie
. Hier je ne t’ais pas écris. Je n’en ais pas eu le temps
avant-hier à 9 heures du soir je suis arrivé à Révigny où
j’ai passé la nuit dans un baraquement où j’ais bien eu
froid. J’ais repris le train à 6 heures du matin pour débar-
quer vers les 10 heures du matin à la gare d’arrivée.
J’ais rejoint ma compagnie hier soir vers les 5 heures
Nous sommes aux avants-postes mais le secteur n’a
pas l’air trop mauvais. Quand je suis arrivé j’étais
complètement vanné, aussi j’ais assez bien dormi la
nuit passée quoique je ne me sois pas trouvé aussi bien
que près de ma Jeannot. Quelle différence ! Quel
cafard ! – Enfin ! il faut en prendre son parti en s’effor-
çant d’espérer un prompt dénouement à cet horrible
cauchemard, à cette cruelle guerre qui nous sépare
depuis si longtemps.
. Nous ne sommes pas trop mal logés quoique notre
abri ne soit pas des plus résistant. Nous avons un poë-
le et le bois ne manque pas ici ; nous avons une
table et des bancs. Enfin pourvu que les boches nous fi-
chent la paix nous ne sommes pas trop mal.
. Le temps est bien froid et les nuits ça gèle fortement.
Dans la journée il fait soleil, mais il ne fait pas
chaud tout de même. Est-ce pareil à Montbrison ?
. Et toi petite fenotte ? … Tu as du reprendre ton tra-
vail … que la vie qui nous est faite depuis 4 années,
presque, est donc cruelle. Je suis bien las de mener
pareille existence loin de mes deux gosses chéries.
. Notre Zizou est-elle toujours bien portante. Tu
me diras si les pillules font effet. Parle-t-elle de son
papa. Ah ! Quand donc pourrais-je reprendre ma
place définitivement près de vous ? J’ais le cœur
bien gros. Hélas ! … Que faire ? Je ne sais… Je m’en-
nui … Vivement … la Paix !! J’attends.
. Au revoir Mamour ! Je ne t’écris pas plus lon-
guement pour aujourd’hui. Je te renouvelle toutes
mes caresses des jours passés. Les jours heureux
sont bien courts ; la séparation bien longue et
bien dure. Au revoir ma Nonot ! Au plus tôt
de te lire. J’attend impatiemment.
. On m’a remi tes lettres du 27 et du 29 janvier
rien à la date du 28, ta lettre doit s’être perdue.
. A demain ! … Ton Simon entièrement à toi
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