Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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9 déc 14 : Trois nuits de garde et la pluie

9 décembre 2014 Laisser un commentaire

Recto

(vous pouvez cacheter vos lettres) 9 décembre 1914

La La pluie complique la situation

3 nuits de garde ont fatigué les soldats

Chère femme, parents, oncles et frères
Je viens de recevoir vos lettres du 2 et du 3 décembre,
je suis bien content d’apprendre de bonnes nou
velles de vous tous car la dernière lettre que
j’avais reçu de vous était datée du 26 ce qui fait
6 jours sans avoir une lettre de vous, j’ai
trouvé ce temps bien long, sûrement qu’une
de vos lettres se sera égarée car vous n’êtes
pas restés si longtemps sans m’écrire. Je ne
suis pas malade, mais assez fatigué car la nuit
passée nous sommes restés sur le qui-vive toute
la nuit ; heureusement que cette nuit ce sera
mon tour de me reposer sans prendre de garde
à moins que les bôches viennent encore nous
embêter. Mes douleurs m’ont quelque peu
passé, je ne sais si c’est que je n’ai pas le
temps de les sentir car quand on n’est pas de
garde on cherche à assainir quelque peu notre

 

Centre gauche

tranchée qui est envahie par les eaux, car
depuis 3 jours que nous occupons les avants-postes
3 jours nous, ou plutôt 3 nuits nous avons eu
la pluie, ce qui n’est pas du tout agréable, le
terrain étant agréable argileux on marche
dans une boue glissante, on s’y enfonce jusqu’aux
genoux chevilles et dans la nuit quand on se
relève on se fiche facilement par terre. Les
bôches sont tout près de nous et des coups de fusil
partent de côtés d’autres sans faire beaucoup
de victimes. La nourriture pour le moment,
peut-être que çà s’améliorera, n’est pas fa
meuse et guère abondante, heureusement qu’il
me restait un peu de fromage et du saucisson
et qu’un membre de l’association dont je vous
ai parlé dans ma lettre d’avant-hier a reçu un
morceau de jambon exquis nous allons le
finir ce soir, après cela il nous restera 3 boites
de conserves qu’il a aussi reçues et c’est le fond
de notre garde-mangé. après nous attendrons
l’ordinaire qui je l’espère se fera meilleur.

La nourriture n'est guère abondante

La nourriture n’est pas fameuse…

Centre droit

Ma chère femme : je suis content de savoir
que tu te porte toujours bien ainsi que notre
petit Zizou que je voudrais bien entendre
quand elle appelle son papa, elle profite toujours
et devient toujours de plus en plus drole, intel
ligente et forte. Comme le temps de me dure de
vous revoir toutes les deux, comme je serai heu
reux ce jour-là et comme je l’attend ce mo
ment de joie indéfinissable qui nous réunira
tous . Je pense comme toi ma Jeannot, sou
vent je pense au bonheur passé et sans cesse
j’envie le bonheur futur. Il faut attendre la
fin de cette maudite guerre et la fin n’est pas
proche et il faut s’armer de beaucoup de
courage et de patience pour arriver jus
qu’au bout, jusqu’au moment de la liber
té qui me permettra de vous rejoindre et de re
prendre notre vie heureuse si brusquement inter
rompue. Au revoir ma chère Jeannot, je ne te
fais pas du mauvais sang pour ton frère, peut
être est il à l’abri. En attendant de te relire

 

Verso

La famille lui manque

Simon embrasse toute la famille

à nouveau et le plus tôt possible ton petit homme
t’embrasse bien tendrement ainsi que notre petite
Zizou. Je vous envoie mes meilleurs baisers et
mes plus douces caresses. Soigne bien notre enfant et
l’oncle si bon pour nous.
Cher oncle : j’espère que ma lettre te trouvera
toujours bien portant ainsi que mes parents et l’on
cle de la Craze. Je ne sais comment te remercier
pour toute la bonté que tu as pour nous. Je ne
savais pas que notre chère petite Zizou était déja
si riche, je te remercie de tout mon cœur et je
souhaite de pouvoir te montrer ma reconnais
sance le plus tôt possible. Je suis aussi bien con
tent que mes parents est pû tuer un cochon, au
moins ils seront à l’abri de la faim du besoin pour cet
hiver et pourrons se débrouiller et j’espère de
maître Joanny se débrouillera à trouver une
occupation quelconque à seul fin de n’être pas
à leur charge. Tu leur diras bien des choses de
ma part ainsi qu’à l’oncle de la Craze. En atten
dant de vous relire à nouveau. Je vous embrasse tous
bien fort

 

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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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