Feuille recto
. 8 Novembre 1916
( en haut à gauche : Bonjour/des Montbri-
sonnais)
. Ma Jeannot chérie
Hier je n’ais rien reçu de toi et aujourd’hui rien
non plus, décidément je suis inquiet. Serais-tu
malade ? C’est tout de même embêtant de ne pas
avoir de lettre. je vais être inquiet jusqu’a
demain que je pourrai, je l’espère, te lire et en
bonne santé.
. Aujourd’hui j’ais reçu une carte de mon
frère Louis et une lettre de Joanny
. Louis a fait bon voyage et se porte tou-
jours bien. Joanny me donne de bonnes nou-
velles de toute la famille. Il me dit que Louis
est reparti un peu chagriné de laissé sa jeune
épouse et que maître Georges s’attend à partir
dans un camp pour terminer son instruction
Il me dit aussi que sa gosse profite à merveille
et qu’il espère que çà continura.
Il me raconte une affaire qui me surprend.
Il avait averti le père Vincent de la dispari-
tion de son fils. Il l’a revu ces jours-ci et
le père Vincent lui a dit qu’on lui avait appris
que c’était Philibert Faure qui avait relevé
son fils. Ce n’est pas vrai du tout. Philibert
au moment où le fils Vincent a été tué
était encore au petit dépôt. C’est moi qui voyant
le bataillon du fils Vincent descendre des tran-
Feuille verso
chées. Me suis renseigné sur lui. Quand on
m’a appris sa mort ça m’a frappé. J’ais de-
mandé à plusieurs de son bataillon tous m’ont
dit pareil, il y en avait même un qui était
de son escouade, car le fils Vincent avait été
nommé caporal depuis peu de jours, celui-ci
m’a même dit que le fils Vincent lui avait
remis son rasoir un jour ou deux avant qu’il
soit tué. J’étais tellement saisi par cette mauvaise
nouvelle que je n’ais même pas pensé de demander
le nom du poilu en question. Le 86 est parti
plus loin et depuis je n’ais jamais eu l’occasion
de le revoir. Le fils Vincent a été tué dans un
trou de loup dans la tranchée, il s’y trouvait
avec un autre, lequel a pû être sauvé étant
dans une meilleure position. Lui : l’écoule-
ment la plié en deux. C’est ce qui m’a
été dit. c’est tout ce que je sais.
. Le pauvre père Vincent doit être bien cha-
griné. Quand donc finiront tous ces massacres
Que de tristes choses ! Plus ça va plus c’est
terrible et meurtrier.
. Chère petite femme : Ce matin je me
sentais encore assez fatigué, ça n’allait pas
trop bien, aussi je me suis décidé à me
purger. Philibert est allé me chercher du
sels de magnésie et j’en ais avalé une dose.
à 10h j’ais bu un bon peu de bouillon de soupe
et ça m’a fait aller à la selle. La dame
où nous sommes m’a fait deux fois du thé
Carte
que j’ai bu bien chaud. Tu vois que je suis
bien soigné soigné . Demain j’espère que je me
porteriat tout à fait bien.
. Aujourd’hui il n’a pas encore tombé
de l’eau. Sûrement que ça ne durera pas.
Rien de changé par ici depuis hier. Au-
jourd’hui on nous a laissés encore tranquils
Demain il paraît qu’il y a marche.
Au revoir ma Jeannot des bois. Embrasse
bien fort notre chère petite Zizou pour son
papa qui serait si heureux de vous
revoir toutes deux. La vie est bien triste loin de
vous. Quand serons-nous Enfin réunis
pour toujours ? Que cette attente est longue
et énervante. Pas un instant je ne cesse de
penser à mes deux gosses chéries. Je vous aime
bien. .. bien… et je vis dans l’attente d’être
réuni à vous.
. Bien le bonjour et bonne santé à ta mère
à mes parents à toute la famille. Comment
va ta grand-mère.
Ton petit homme qui t’adore de toutes
ses forces et qui te bise des millions de fois com-
me aux anciens jours si heureux, comme pour
les 6 jours si courts. Je pense à toi continuelle-
ment et t’envoi mes plus douces caresses.
Je t’embrasse bien fort sur ta bouche. Partout
Souviens-toi ? N’oubli pas ! Tout à toi pour
toujours. Ton Simon Collay
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