Recto
(Dans l’angle : tu 6 juin 1915
ne me parle
pas si tu as reçu
les lettres que je t’ai
renvoyé. Fais le moi savoir)
Ma chère femme, chers oncles
et parents
Je viens de recevoir votre lettre du
2 juin qui m’apprend de bonnes
nouvelles de tous ceux que j’aime
Je lis toujours vos lettres avec beau
coup de plaisir, il n’y a que la
correspondance qui nous permette
d’échanger nos impressions et de
nous tenir au courant de notre vie
réciproque.
Ma Jeannot chérie : je suis
content que notre Zizou profite tou
jours et remue à tenant ses petites
jambes. tu l’embrasseras bien
fort pour son papa qui vous
adore toutes deux. Je suis content
aussi que ta mère est reçue ma
Centre gauche
lettre. j’espère qu’elle se consolera et
ne se laissera pas aller au désespoir.
Tu lui donneras bien le bonjour pour
moi. Je me porte toujours bien.
On vient de nous dire de monter nos
sacs et de nous tenir prêts à partir.
Pour où ?…je ne sais pas. Peut-être
que comme l’autre jour nous ne
bougerons pas d’où nous sommes
il faut se tenir prêts tout de même
car il se pourrait que nous partions
Ici nous avons toujours beau temps
et c’est bien embêtant que vers vous
il n’en soit pas pareil. Au revoir
ma femme chérie, ton petit
homme qui t’aime de tout son cœur
t’envoie ses meilleures caresses et t’em-
brasse bien tendrement ( comme au-
trefois. Souviens-toi !…comme nous étions
heureux !…où est tout ce beau temps…
Qu’est devenu notre bonheur ?…Quand
reviendra-t-il ?…Hélas !…ça se fait bien long)
Centre droit
Cher oncle : C’est toujours
avec beaucoup de plaisir que j’ap-
prend que ta santé se maintient
et que pour toute la famille il en est
de même. Je te remerci pour
tout ce que tu fais pour moi et
ma femme et ma gosse. Je ne l’ou-
blirai jamais. Que les évènements
nous soient favorables jusqu’au
bout et que nous puissions reprendre
notre bonne vie passée, je ferai
mon possible pour te prouver que
je ne suis pas un ingrat. Au revoir
cher oncle : ton neveu Qui t’aime
t’embrasse bien fort, de même que
mon père et ma mère le tonton de
la Craze et tous les parents.
Ma Jeanne me dis que tu demande
si je n’ai pas besoin d’argent. J’en ai
encore un peu, mais si l’on venait
à partir il f vaudrait mieux que
j’en ai un peu plus.
Verso
Je vous envoi des photos qui ont été faites
Au poste de secours de Belle
où dernièrement nous étions de passage
Sur l’une je suis devant la porte
de notre abri qui se trouve dans
un trou. Sur l’autre devant de
la pierre blanche très tendre et
qui a été sculptée par tous ceux
qui y ont passé. A. une partie de la ro
sace que j’y ai sculpté. B. éclats d’obus
mon nom sur une feuille qui con
tient les noms des brancardiers de
la compagnie D. Gros obus allemand de 150 incrusté
dans cette pierre. Vous remettrez une
de ces photo à mes parents.
En attendant de vous relire. Votre
Mari, fils, filleul, neveu, gendre
et frère. vous envoi bien le bonjours
et vous embrasse bien fort. Au revoir
Simon Collay
Mille bisettes a mes deux chérie
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