Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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4 juin 1915 : tout ce que je vois est si laid

9 juin 2015 Laisser un commentaire

Recto

Je n’ai pas pu m’empêcher de réclamer une correspondance plus suivie

Ca m’est tellement
dur de rester sans te lire

4 juin 1915

Ma Jeannot bien-aimée

Je viens de recevoir ta lettre du
31 mai, dans laquelle tu me dis avoir
reçu la mienne du 27 qui contiendrais
des reproches. Il est vrai que je me suis
un peu plain de ne pas recevoir sou-
vent de tes nouvelles ; ç’a m’est tellement
dure de rester sans te lire que je n’ai pas pu
m’empêcher de réclamer une correspon-
dance plus suivie. Ca n’est peut-être pas
de ta faute mais il ne faut pas de
froisser pour cela. C’est que je ne suis pas
toujours bien dans mon assiette : la sépara-
tion me pèse tellement et tout ce que je
vois est si laid que parfois on ne peut
s’empêcher d’etre inquiet. Quand donc
cette maudite guerre prendra-t-elle
fin ? Quand pourrais-je reprendre

 

 

Centre gauche

Si  je n’étais pas au danger je serais plus patient et plus tranquille

Si je venais à vous manquer ?

ma place près de toi et de notre enfant
je t’aime bien ma Jeannot et je dé-
sire tellement te revoir que souvent
la situation me parait insupportable
et malheureusement la guerre menace
toujours de s’éterniser, on ne peut pré-
voir la fin. voilà pourquoi le caractère
s’aigrit. Pourtant je t’aime bien ma
Jeannot chérie, je t’aime beaucoup et
je ne pense qu’à une chose revoir et pou-
voir élever notre Zizou dont je suis inquiet
pour l’avenir. Si je venais à vous man
quer ?… Je pense souvent à cela ! pour
le moment vous êtes très bien, tant que
l’oncle sera là il n’y a pas d’inquiétu-
de à avoir… mais plus tard… ? Si
je n’était pas au danger je serais plus
patient et plus tranquil. Mais hélas
je ne suis sûre de rien. Hier soir on nous
a donné l’ordre de nous tenir prêts à pou-
voir partir dans la nuit pour une
destination inconnue, les voitures char-

 

Centre droit

Nous sommes 5 brancardiers qui faisons notre popotte ensemble

Espérons que
la fatalité nous épargnera

gées étaient prêtes aussi ; heureusement
nous n’avons pas été dérangés, mais
j’ai bien peur qu’un de ces jours nous
le soyons pour tout de bon. Espérons que
la fatalité nous épargnera et que notre
bonheur n’est pas encore fini. Je t’aime
tant ma Jeannot je que je tiens beau-
coup à ma vie si utile pour toi et
notre enfant.
J’ai reçu une lettre de mon frère Louis
qui se porte toujours bien et me charge
de vous envoyer ses meilleurs vœux,
il vous embrasse bien fort et n’oubli
personne. Une carte de mon cousin
Faure qui va bien lui aussi. Une
carte de Claudius Morel qui envoi
un bonjour a toute la famille.
Comme je vous l’ai déjà dit hier
nous sommes 5 brancardiers qui fai
sont notre popotte ensemble chez une
dame qui a son mari à la guerre : elle
a trois petites filles dont une et de l’âge

 

 

Verso

Je suis content de voir ces enfants ça me rappelle mon bonheur passé

Nous avons affaire à une très honnête femme

de notre Zizou et une autre toute poupine
un bébé. Je suis content de voir ces enfants
ça me rappelle mon bonheur passé. Nous
avons affaire à une très honnête femme,
chose assez rare par ici où les femmes sont
se laissent plus ou moins aller.
Je vous remerci beaucoup du colis que
vous m’avez expédié et je vous avertirai
aussitôt que je l’aurai reçu.
Bien des choses à l’oncle de ma part,
de même à mes parents, à ta mère,
à l’oncle de la Craze, a tous nos pa-
rents. Bien le bonjour à madame Ber
ger et à tous les voisins et amis.
Vous me ferez savoir si mon patron
est parti pour l’Italie.
En attendant l’heureux jour de vous
être rendu, votre mari, fils, filleul,
neveu, frère et gendre vous embrasse
bien fort           Simon Collay     au revoir !
un million de baisers ( comme ceux des bois)
à ma Jeannot. Mes plus douces caresses à notre Zizou

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Jeanne 3 juin 1915 : un immense plaisir de te revoir mais hélas qu’en image
6 juin 1915 : la correspondance permet de nous tenir au courant de notre vie réciproque.

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Ont participé à ce site, par ordre chronologique

- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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