Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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30 mai 1915 : Le sang se répand à toutes les frontières d’Europe

30 mai 2015 Laisser un commentaire

Recto

vous l’avez vu en gravures moi je l’ai vu dans les Vosges

vous avez été surpris par toutes les ruines que cette maudite guerre a accumulé

30 mai 1915

Ma bien chère
Jeannot

      Je viens de recevoir ta lettre
du 26 courant. Je suis content d’appren
dre que votre voyage s’est très bien passé
que le temps vous a été tout à fait favora
ble. Vous avez été au cinéma et vous
été surpris par toutes les ruines que
cette maudite guerre a accumulé, vous
l’avez vu en gravures moi je l’ai vu
dans les Vosges et je le vois encore où nous
sommes. Maisons écroulées, toits éventrés,
habitations brûlées ou saccagées ; toutes ces
visions d’horreur pour ceux qui n’y sont pas
habitués, nous laisse indifférents nous en
avons si souvent vu et ce que nous voyons encore
nous laisse froid. Nous sommes tellement
habitués à cette destruction que ceux qui
auront le bonheur de revenir se trouveront
surpris en trouvant dans une ville ou
un village qui sera calme. C’est la vie de
brute qui nous est imposée, nous la su

 

Centre gauche

bissons avec énormément d’impatience, tous
nous sommes toujours en quête d’une bonne
nouvelle on discute les évènements en cherchant
toujours à y découvrir une preuve que la
Paix s’approche, mais hélas on discute et
rien de bien n’arrive. L’Italie est avec nous
résultat ? massacres plus nombreux, civilisa
tion oubliée, les instincts de brute se font
de plus en plus violents. Le sang se répand
à toutes les frontières d’Europe et les loups
ne sont pas encore épuisés. Depuis quelques
jours nous avons eu des succès sur différents
fronts, mais ce qu’ils doivent êtres payés
chers, que de pauvres diables doivent avoir
payé de leur vie cette avance que de nos
armées . La guerre pouvez-vous savoir ce
que c’est ? Non vous ne l’avez pas vu
vous l’ignorez totalement. Je prends un jour
de nos batailles dans les Vosges, Donsière
toute la journée nous sommes été sous le feu
de l’artillerie allemande, couchés sur le ventre
attendant avec angoisse le moment de répit
qui malheureusement n’est arrivé qu’à la fin
de la journée. De tous les cotés des plaintes
et des appels des blessés. Emportez-moi ! me
laissez pas mourir ! Oh ! ma femme mes
enfants ! toutes ces plaintes se mêlent au
fracas des obus qui font de nouvelles victi
mes. Quand on se lève pour faire un bond
en avant beaucoup reste sur place ceux la
sont morts sur le coup. Le matin de cette ba
taille le régiment avait reçu le premier […]
qui se composait de 800 hommes ; le soir plus

 

 

La guerre pouvez-vous savoir ce que c’est ? Non vous ne l’avez pas vu

Que de pauvres diables doivent avoir
payé de leur vie cette avance de nos armées .

Centre droit

de la moitié étaient hors combats ou morts
Les vivants encore à moitié abasourdis voient
arriver avec joie ce moment de calme relatif
le lendemain la journée a été moins meur
trière. Je vous en ai assez dis. Moi je trouve
extraordinaire d’être encore indemne après
avoir passé par ces terribles jours de bataille
et toutes les fois que je pense à ces horreurs, je
ne puis encore m’empêcher de frémir. Pour le
moment tout est calme dans notre secteur, hier
notre artillerie a endommagé un aviatre alle
mand . espérons que nous serons tranquils le
plus longtemps possibles et espérons surtout
que cette maudite guerre prenne fin. Vivement
la Paix ! Vivement que je revois ma fem
me, mon enfant et mes parents chéris. Vive
ment que l’on soit rentré et que nous re
prenions une vie meilleure que celle que
nous sommes obligés de subir.
Je me porte toujours bien et j’accom-
plis toujours les fonctions de brancardier
le temps me dure pas d’en être relevé car
je suis bien plus tranquil qu’à la com
pagnie. En même temps que votre lettre
j’ai reçu une carte de mon cousin Clair
qui me fait savoir qu’il est toujours bien
portant et en repos, il est tranquil étant
homme de liaison et ordonnance d’un
lieutenant, il mange avec lui : il a pris
le grade de 1er soldat il est plus avancé
que moi. je suis content de constater que

 

Verso

dans la famille tout marche bien que ma
Jeannot et notre Zizou se portent bien de même
que notre oncle si bon pour nous et mes parents
Ma Jeannot tu remercieras bien l’oncle
pour moi je n’oublierai jamais toutes ces
bontés qu’il a pour nous. Je vous aime
bien tous et en attendant l’heureux jour
du retour je vous embrasse tous bien
fort. Au revoir ! au plus tôt que
nous soyons réunis. J’attend avec
impatience. Votre Simon
qui pense à vous           Collay
Bien le bonjour à madame
Berger et à tous les amis
Un million de bien doux baisers à ma Jeannot
chérie ma compagne des bois, celle que j’adore tout
plein . Mes plus douces caresses à mes deux gosses
chéries mes deux êtres bien chers.
N’oublie pas chère femme que c’est touj
toujours avec patience que j’attend tes
lettres.
Quand vous aurez l’occasion de m’envoyer quel
un colis, faites moi parvenir ma chemise
en fil que je vous ai déjà demandé et aussi
un tricot de peau et une paire de petits ciseaux
coupant très bien merci à l’avance
Bien des choses à ta mère que j’espère moins
accablée par la douleur tu me feras savoir si elle
a reçu la lettre que je lui ai envoyé

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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