Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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29 novembre 1917 : Ils sont bien à l’abri pendant que nous risquons continuellement notre peau.

18 décembre 2017 Laisser un commentaire

Recto

J’attends toujours tes lettres avec impatience, c’est toujours un peu de toi.

Je n’aime pas rester
sans te lire.

.                  29 Novembre 1917
.          Ma Jeannot chérie
Je n’ais rien reçu de toi hier. Ce
n’est sans doute qu’un retard de la poste
peut-être aujourd’hui aurais-je deux de
tes lettres avec de bonnes nouvelles de
deux gosses chéries et de tous ceux
que j’aime. Je n’aime pas rester
sans te lire et j’attend toujours tes
lettres avec impatience, c’est toujours
un peu de toi.
.        Je t’écris du même endroit qu’hier
Il n’y a rien de nouveau et je vois
bien que, malheureusement, il nous
faudra remonter de nouveau aux
avants-postes. Quelle vie ! … Ce qu’on
en a mare pourtant. On ne parle
toujours pas de nous sortir de par
ici.
.    Quand je vois ces messieurs qui nous
gouverne de plus en plus acharnés a
la guerre, ça me mine. Je les voudrais
bien voir seulement pendant 4 ou 5
jours à mener la vie qui est mienne
depuis 40 mois. Je crois qu’ils en ra-
battrait de beaucoup. Ça leur est faci-
le de faire de courageux discours sui-

 

 

 

Page 2

Cette affreuse guerre qui devient de plus en plus meurtrière.

Voilà 40 mois que nous attendons

vits de bons geuletons de tout le con-
fort désirable. Ils sont bien à l’abri
pendant que nous risquons continuel-
lement notre peau. Ah ! vivement … bien
vivement la fin de cette affreuse guerre
qui devient de plus en plus meurtrière.
Pour peu quelle dure encore longtemps.
Je crois que le peuple de France ne sera
plus que composé : 1e des embusqués qui
se désintéressent complètement de nous.
2e de beaucoup d’estropiés et de rachiti-
ques, de rhumatisants. Quelle gloire !
avec cela la misère. C’est là l’avenir
que je vois poindre. Il est vrai que d’au-
tres auront fait fortune et ceux-là se-
ront les grands manitous, et les pauvres
cons qui reviennent du front seront en-
core obligés de se soumettre à cette clique
d’égoïstes ambitieux. Dieu … que la
civilisation est belle, que les hommes
sont donc devenu intelligents. Est-ce
qu’il en sera toujours ainsi ? Seras-ce
donc toujours celui qui ne possède rien
qui sera obligé de se sacrifier pour dé-
fendre le bien et la fortune de ceux qui pos-
sèdent et qui sont loin d’êtres reconnaissants ?
Enfin … Attendons … Patientons !  Voila
40 mois que nous attendons il y a de
quoi désespérer et devenir fou.
.                Et toi petite femme … que fais-
tu ? … La vie n’est pas bien drôle pour
toi aussi. Que cette séparation est donc
longue et cruelle. Et dire que nous serions
si heureux sans cette maudite guerre
.    Ton travail marche-t-il à peu
près ?; J’espère que oui et que rien
de fâcheux ne s’est produit pour toi
ni pour aucun membre de la famille
Notre Zizou doit toujours faire son
petit diable. Tu me diras si tu veux

 

 

Page 3

Il faudrait bien qu’elle guérisse de cette faiblesse.

Elle se fait grande.

la ramener au médecin, car ça doit-être bien em-
bêtant en ce moment qu’elle se mouille la nuit.
Elle se fait grande, il faudrait bien qu’elle guérisse
de cette faiblesse.
.         Au revoir Mamie chérie. A demain !
J’attend avec impatience que les lettres arrivent,
j’ais besoin de te lire. Embrasse bien notre gamine
pour moi et donne bien le bonjour à tous nos
chers parents qui tous se portent bien, je l’espère.
.    Ton petit mari qui t’aime bien, toi toute seule
t’envoi de bien douces caresses et bisettes, comme
autrefois quand nous allions nous promener rien
que tous les deux. Tu te rappelles ? … Nous étions
bien heureux à cette époque, nous étions loin de
nous doûter de ce qui nous attendait.
.    Ton Simon tout à sa Jannot des bois qu’il
adore et qu’il embrasse bien fort sur ses lèvres,
ses yeux, son cou … partout. Vivement que
nous soyons à nouveau réunis et pour toujours
que la chance soit avec nous jusqu’au bout.
J’attend ! sans cesser un instant de penser a
Toi et à notre gentille Zizi. Ton Simon
.                     Collay

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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