Recto
. 28 Novembre 1917
. Bien chère petite femme
J’ais reçu hier soir ta lettre du 24 cou-
rant. Je suis content de vous savoir
toujours en bonne santé. Notre Zi-
zou ne m’attend plus que l’année
prochaine, mais elle demande cons-
tamment si ce n’est pas encore l’an-
née prochaine. Si seulement l’an-
née prochaine je vous revenais pour
toujours. Malheureusement il n’y
faut pas compter.
. Tu me dis que tu veux aller voir
Zacco, tu veux le voir toi-même
de façon qu’il n’y ai pas encore
quelque chose qui cloche. Tu me
dis qu’il ne faut pas toujours
espérer pour réussir. Essayons !
Tant pis si c’est inutile.
. Joanny est venu en perm pour
voir son nouveau-né. Il est content
que ça soit encore une fille ; il veut
sans doute monter un harem.
Tout de même … je ne les vois pas
fixe avec leur deux mioches.
Georges doit être sorti de l’hôpital
A présent, il doit même être sorti
reparti pour rejoindre son régi-
ment. ça ne devait pas lui faire
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bien plaisir ; il est vrai qu’il n’y a
pas de quoi.
. Ma Jeannot. Tu me dis que tu
t’étais mal expliquée sur ce que l’on
avait jasé. Tu me dis que personne
ne te donnait grand tort mais que
l’on avait remarqué la roue qui
tournait autour de toi. Tu étais loin
d’être coquette. Je te crois … Mais
laisse ce gosse de côté. Tu me dis que
tu m’attend avec impatience et
que tu ne t’occupe pas des autres.
Tu as raison Mamie chérie. N’ou-
bli pas que moi aussi j’attend avec
impatience et que tu es tout pour
moi. Je serais trop malheureux
si je n’était pas certain de te possé-
der toute. Il me faut toute ta tendresse.
Il faut que je sente que ton amour
est toujours aussi grand et aussi
sincère.
. Tu me demandes si quelque chose
me fait fantaisie pour m’envoyer
un coli. Rien ne me fait fantai-
sie pour le moment. Si tu veux
m’envoyer quelque chose envois-moi
ce que tu voudras. Je ne sais que
te demander.
. Rien de nouveau depuis hier
Nous sommes toujours au même
endroit. Cette nuit ça a tombé de
l’eau et aujourd’hui ça continu.
Aussi tu peux croire que la boue
ne manque pas, il y a quelque
chose. On ne parle toujours pas de
nous sortir de par ici. On dit même
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que dans trois ou quatre jours nous prendrions
de nouveau les avants-postes. Il y en a pourtant
mare tu peux croire et la division est déja
pourtant assez amochée. Les gaz ont fait beau-
coup de victimes. Ah ! vivement qu’on nous sor-
te de par là. Il est vrai que les ordres sont vite
arrivés et il se pourrait qu’au lieu d’aller aux
avants-postes nous soyons relevés. Espérons …
Toujours la même chose : espérer, patienter
mais la paix ne vient pas vite.
. Au revoir ma Jeannot des bois. Embrasse
bien notre Zizi pour son papa. Bien le bon-
jour à ta mère, à ta grand-mère, à chez moi
à toute la famille. Bonne santé et bonne
chance à tous et vivement la fin de cette mau-
dite guerre que nous soyons de nouveau réunis.
. A demain Mamie chérie. Ton Simon qui
t’adore t’envoi ses meilleures caresses et ses
plus douces bisettes. Souviens-toi ! Attend
moi. Je t’aime de toutes mes forces et je
t’embrasse bien fort sur ta bouche.
. Ton petit mari tout à sa Nonot
. Collay
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