Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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27 mars 1918 : Pauvre peuple de France … tu seras bien sacrifié complètement.

31 mars 2018 Laisser un commentaire

Nous nous laissons tuer  comme un pauvre troupeau.

4 ans d’ennuis, de soucis, de misères.

.                                         27 Mars 1918
( en haut à gauche : Ton Simon / Collay)
.                    Ma Jeannot bien-aimée
.    J’ais reçu hier soir ta carte du 21 courant. Décidément ça
n’est pas de la chance, tu es encore fatiguée, tu as mal à la
tête et tu ne dors pas ; il ne manquerait plus que tu sois
malade ça serait le comble. Quelle vie ! … décidément  je crois
que la chance ne nous court pas après. Pour comble les bôches
sont en train de nous passer une piquette dans l’Ar(g)one et
la Somme qui n’est pas piquée des vers. Pauvre peuple de
France … tu seras bien sacrifié complètement- faut-il que
nous soyons bêtes tout même … nous en avons mare … mare …
archi mare … on nous saigne à blanc et nous sommes en-
core trop lâches pour élever la voix et réclamer la Paix que
nous désirons tous hardemment … Ceux qui veulent aller jusqu’au
bout … les patriotes … n’ont qu’à prendre un fusil pour exposer aussi un
peu leur peau … elle n’est pas plus utile ni plus sacrée que n’importe qu’elle
autre …. Les pères de famille qui sont au danger depuis si longtemps se trouveraient
bien d’êtres à l’arrière. Des discours ! on leur en fera s’ils en veulent … et on
se fera comprendre : la Paix ! … la paix le plus tôt possible Assez de
bourrage de crâne assez de meurtres et de sang inutilement versé. Assez de
misères en perspectives. Tous nous pensons ainsi mais nous n’avons le cou-
rage d’imposer notre volonté ; pourtant nous sommes encore les plus forts …
que diable … si nous voulions ! … Hélas ! … nous ne sommes que des faiblars.
Nous nous laissons faire … nous nous laissons tuer que comme un pauvre troupeau
.    Soumettons-nous puisque nous sommes incapables d’autre
chose. Si seulement ça pouvait servir de leçon à nos enfants …
.                Au revoir ma Nonot. Je ne t’écris pas plus longue-
ment car je ne suis pas en état de le faire aujourd’hui. Ça n’avance
à rien de récriminer … J’attends impatiemment de te relire, peut-
être aurais-je de meilleures nouvelles de toi qui m’est si chère, ce que
je m’ennui de me sentir toujours si loin de toi … voilà 4 ans que
cette cruelle séparation nous fait souffrir … 4 ans d’ennuis, de
soucis, de misères de toutes sortes … Et ce n’est pas fini … Ces mes-
sieurs trouvent que ce n’est pas encore assez … bande d’assassins
de lâches qu’ils sont … Ça changera peut-être bien tout de même …
il faut espérer … Au revoir petite femme … Embrasse-bien
notre Zizi pour moi et donne bien le bonjour à toute la fa-
mille … Rien de changé pour moi depuis hier. Je me porte
bien et suis toujours au même endroit. Il fait encore bien froid
aujourd’hui.          Ton petit mari qui t’adore et t’em-
brasse bien fort en attendant impatiemment la joie de te revoir
.     Je t’aime de toutes mes forces et ne cesse de penser à toi.

 

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Jeanne le 26 mars 1918 : ce maudit cauchemar devient plus terrible que jamais.
28 mars 1918 : les bôches nous ont refoulés sur nos anciennes positions.

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- Jacques, collectionneur, a découvert le corpus de travail
- Anne, documentaliste, en a saisi l'importance et l'exploitation possible
- Philippe, enseignant en histoire, s'est engagé à les publier, décrypter, analyser, et à faire les recherches nécessaires à leur compréhension et interprétation
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- Kristof et JP, ont créé et codé le site.
- Brigitte, retraitée de l'enseignement, joue au webmaster

Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

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