Recto
. 24 juillet 1915
( en biais :
Ne te dérange
pas pour le hamac
je m’en passerai : ce
n’est pas bien nécessaire)
. Ma Jeannot
. bien aimée.
Je viens de recevoir tes lettres du
20 et 21 courant. Je suis très heu
reux de voir que ma chère petite fem-
me aime toujours son Simon et qu’elle
fera tout son possible pour que notre
amour soit toujours aussi grand et aussi
sincère. Nous nous aimons mutuellement
nous avons toujours étés l’un pour l’autre
pourquoi contraindrions-nous nos senti
ments. Je t’adore ! ma chérie, toi et notre
Zizou que tu me dis si gentille, vous êtes
toute ma vie . Qu’importe ! si nous ne
Centre droit
sommes pas riches. Si j’ai le
bonheur de revenir je ferai
tout mon possible pour vous
rendre heureuses. Le travail ne
m’a jamais fait peur. Je
suis ouvrier et je ferai tou
jours mon possible pour vous
rendre heureuses.
Ma Jeannot
Tu ne m’as pas répondu à la question
que je t’ai faites sur mon oncle : tu m’avai
m’as écris dans ta lettre du 17 que lui le
premier t’avait fait des propositions malhon-
nête. Je tiens à savoir si c’est bien tel
que tu me l’as écris et ce qu’il peut avoir
fait contre notre honneur. Dis moi la vérité
car il est nécessaire que je la sache. Est-ce
vrai ? –Répond-moi franchement.
Ce matin je t’ai envoyé deux mots
et je te fais savoir la réponse que j’ai faite
à sa demande qu’il m’a faite de signer
une procuration. Quand tu auras lu ce
brouillon tu le déchireras et n’en causeras a
personne, il n’est pas nécessaire que tout
le monde sache ce qui peut se passer dans
la famille. Sois discrète c’est une bonne
qualité. N’oubli pas que je t’aime tout
Centre droit
plein, ma bien aimée. Tout bonheur n’est
pas mort pour nous ; nous avons une petite
fille charmante et si la chance me ménage
jusqu’au bout, nous pourrons reprendre
une bonne vie heureuse et tranquille.
tu me dis que tout le temps je te prêche de
me rester fidèle ! C’est que vraiment je
t’aime tout plein et que la vie n’aurait
plus d’intérêt pour moi si je ne pouvais
compter de retrouver ma Jeannot d’autre-
fois toujours entièrement à moi. Si j’ai eu
peur de te perdre c’est que je t’adore. Je
suis comme l’avare : inquiet de mon trésor.
. Pour les permissions je ne puis te rensei-
gner. Je ne sais pas quand viendra mon tour
mais je crois bien que ce n’est pas pour ces
jours-ci. Crois pourtant que le temps
me dure d’aller t’embrasser et de me rendre
compte des progrès accomplis par notre
gamine, ce sera deux ou trois jours de
véritables bonheur hélas ! trop tôt passés.
Voilà un an que je ne vous ai vu, voilà
un an que je languis après vos caresses.
Cette maudite guerre ne veut pas prendre
fin et menace de s’éterniser. Comme c’est
long et pénible, comme je souffre d’être
Verso
séparé de ce que j’ai de plus cher au monde
Enfin ! patientons et espérons ! Peut être
que ça se finira plus tôt qu’il ne le semble.
mon camarade Courtial n’a pas pu passer
te voir, il le regrette bien et t’envoi bien le
bonjour. Avant-hier et hier nous avons eu
la pluie, aujourd’hui il fait du vent mais
Il ne tombe pas d’eau. Ce matin un aéro
bôche a été contraint d’atterrir près du
village de Cambronne qui est en arrière de
nos avants-postes.il était monté par un
capitaine d’artillerie et un adjudant, tous
deux sont prisonniers, l’appareil n’a pas
de mal et pourra servir à nos aviateurs
Nous supportons toujours quelques bombarde-
ments mais notre compagnie n’a pas à dé-
plorer de perte. Espérons qu’il en sera ainsi jus-
qu’au bout. Au revoir ma chère petite
femme. Ton Simon t’aime tout plein et
t’envoi ses plus douces caresses et ses meilleurs
baisers. Mille bisettes à mademoiselle Zizou
que tu biseras bien pour son papa. Bien
des choses à ta mère, à ta grand-mère ainsi
qu’à mon père et ma mère je tiendrais
bien à ce que mon père m’écrive et me
renseigne le plus possible. Si tu le vois dis le
lui. Au revoir et bonne santé à tous. Que
les événements me permettent de vous em
brasser le plus tôt possible. Ton Simon
qui t’adore tout plein. Collay
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