Ma Jeannot chérie

Correspondance d’un soldat de la guerre 14-18

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22 juillet 1915 : Maudite guerre ce qu’elle m’aura fait souffrir !

27 juillet 2015 Laisser un commentaire

Recto

Simon attend le  pardon qu’il a déjà demandé.

Simon qui reconnait ses torts

.                                    Juillet 1915

.                              Ma Jeannot
.                                bien aimée

.           Je n’ai encore rien reçu
de toi aujourd’hui. J’espère que
malgré cela ma lettre trouvera
toute la famille en excellente
santé et ma femme chérie moins
dure pour son Simon qui recon-
nait ses torts et qui attend le
pardon qu’il a déjà demandé.
Je ne suis toujours pas bien a

 

 

 

 

Centre gauche

 

mon aise. je suis bien ennuyé
la sottise que j’ai faite me coûte
cher et j’attend avec impatience
et anxiété une lettre qui
m’apprenne que ma Jeannot
ne me tient pas rigueur et m’aime
assez pour oublier le mal que j’ai
pu lui faire et cela presque in-
volontairement. Souviens-toi du
passé ! ma chère femme et ne
condamne pas l’avenir. Je t’aime
de toute mes forces et le plus grand
malheur qui puisse m’arriver
est de perdre ton amour et ton
affection . La vie me semble
impossible sans mon amie du
bois, sans notre enfant fruit d’un
amour vraiment grand et sincère

Tu m’écriras une lettre bien tendre pour me pardonner et m’empêcher de devenir fou

La sottise que j’ai faite me coûte cher

 

centre droit

Nous avons été heureux, nous le serons
encore et pour cela je ferai l’impossible.
Mais-y du tien ! pardonne !… Je ne
t’ai jamais tant aimée… Jamais je n’ai
tant compris la force des sentiments qui
m’attachent à mes deux êtres chers à mes
deux gosses que je brûle de revoir. Ne me
fais pas souffrir plus longtemps, ne sois
pas méchante. Tu me dis que tu souffre
autant que moi : si l’en est ainsi je te plains
et c’est une raison de plus pour oublier ce qu’il
peut y avoir eu de mauvais entre nous et ne se
souvenir que de ce qu’il y a eu et ce qu’il
peut y avoir de bon. Si tu m’aimes réelle-
ment, ma Jeannot, tu m’écriras une lettre
bien tendre pour me pardonner et m’em-
pêcher de devenir fou car réellement je
crois que je le deviendrais s’il me fallait
endurer longtemps ce que j’endure en ce
moment. J’attend ma chérie ! Je t’aime
sans toi et notre Zizou si gentille la vie
n’est plus rien pour moi. Maudite
verso

Nous supportons journalièrement les bombardements

? Hélas !… ça menace de durer encore longtemps.

guerre ce qu’elle m’aura fait souffrir ! Quand
donc finira-t-elle ? Hélas !… ça menace de durer
encore longtemps.
Nous sommes toujours aux avants-postes et
nous supportons journalièrement les bombarde-
ments que les bôches ont bien l’honneur de nous
faire ; les obus qu’ils ne nous ménagent pas
tombent très près de nos postes et les débris de
l’explosion tombent dans le chemin creux
où j’habite. nous avons la chance avec nous
car personne n’a été touché et il faut bien
espérer que nous retournerons au village sans
rien avoir à déplorer. Mon camarade Cour-
tial est revenu de permission, il n’a pas
pu passer à Moingt, il est content des
quelques jours heureux passés près les siens
mais il n’est guère content d’être de retour,
il t’envoi bien le bonjour, ainsi que mon
autre ami Giraud ; quand au troisième,
Barnay il esr resté au village il fait le
garde magasin, il est tranquil car il a trou-
vé la bonne place

 

 

_________________________________________________________________________________

On a pu s’étonner de la demande d’une « paire de petits ciseaux » faite par Simon il y a quelques semaines. Cette lettre non datée, mais probablement du 22 juillet, nous donne la réponse : il ne se contente plus de décorer avec quelques fleurs séchées, il s’adonne maintenant, pour personnaliser ses lettres, à l’art du papier découpé ou Jianzhi, art chinois qui remonte au VIème siècle…

           La beauté et la finesse de cette bordure laisse supposer que Simon n’en est pas à son coup d’essai….

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Le soldat Simon Collay

Portrait de Simon Collay

Simon Pierre Collay naît le 2 décembre 1888 à Montbrison. Son père, Pierre, est journalier et sa mère, Benoite Cote, est ménagère. Ils ont respectivement 27 et 25 ans. On ne sait rien de son parcours scolaire mais arrivé au service militaire, en 1909, il a un degré d’instruction générale évalué à 3. (Sur une échelle de 3.) Physiquement, il mesure 1 mètre 61, a les cheveux et sourcils châtains, il a le nez, la bouche et le menton moyen, le visage ovale. Il exerce le métier de plâtrier peintre. Il est incorporé au 38ème régiment d’infanterie de Saint Etienne, le 7 octobre 1909, sous le matricule 1264 et le quitte deux ans plus tard le 24 septembre 1911, muni de son certificat de bonne conduite. C’est ce même régiment qu’il rejoint lors de la mobilisation. Il se marie avec Jeanne Vachez le 14 janvier 1913, à Moingt. Ils ont une petite fille née peu avant la guerre. Sources : Archives Départementales de la Loire : 3NUMEC/3E148_40 et 47 NUM-1R1574 "

jeannotJeanne Vachez est née le  8 octobre 1891. Elle est la fille de François Vachez, maçon agé de 43 ans d’Antoinette Faverjon ménagère âgée de  33 ans. Ils demeurent  à Moingt (aujourd’hui intégré à la commune de Montbrison), dans le bourg. On sait peu de chose de sa vie avant la guerre : on peut supposer qu’à l’école la maitresse devait apprécier son écriture très belle , moins sans doute son orthographe…A moins d’un niveau très faible en calcul, , elle aurait  eu la mention 3 pour le degré d’instruction au  conseil de révision mais les femmes n’y allaient pas. Au recensement de 1911 elle est tisseuse chez Epitalon tout comme sa cousine Marie qui habite la maison voisine. Elle se marie avec Simon, le 14 janvier 1913, à Moingt , à quatre heures de l’après-midi. Les deux époux sont majeurs mais il est précisé qu’il se fait avec le consentement des parents. A ce moment là Jeanne est passementière. Il y a quatre témoins : Etienne, le frère de Jeanne, Joanny, le frère de Simon et deux amis du couple. Ils sont domiciliés à Montbrison, quai Saint Jean.

Avertissement

Suite à un problème avec notre hébergeur/serveur, le site a perdu les lettres du 14 juin au 31 octobre (43 courriers,). Nous allons rééditer ces correspondances dans les semaines à venir. Merci de votre compréhension.

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